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mobilisation

La santé réclame sa guérison

9 octobre 2025 | Mise à jour le 9 octobre 2025
Par | Photo(s) : Enzo Hanart
La santé réclame sa guérison

Quelque 5000 salariés du secteur de la santé ont manifesté devant leur Ministère pour dénoncer les coupes budgétaires.

Ce 9 octobre, la CGT Santé Action Sociale et la CGT Services publics notamment ont appelé à une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle. À Paris, 5 000 militants se sont rassemblés devant le ministère de la Santé, entre inquiétude face à l'austérité annoncée, colère contre les fermetures de services et appel à l'unité. Reportage.

Le travail c'est la santé, dit l'adage, omettant que la santé, c'est aussi du travail. À Paris, devant le ministère de la Santé, 5000 travailleurs et travailleuses de ce secteur se sont réunis pour faire entendre leurs revendications, à l'occasion d'une journée de mobilisation interprofessionnelle nationale. Les fédérations de la chimie, des services publics, des organismes sociaux, l’Union Confédérale des Retraités (UCR) et des Unions Départementales se sont jointes à la mobilisation orchestrée par la CGT santé. Alors que la crise politique retarde encore le vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), le mot d'ordre du jour est clair : l'unité. « Il va nous falloir l'unité, l’unité de tous les services de l’hôpital, l’unité de notre fédération, mais aussi celle de l’Interpro et des autres syndicats » affirme, micro en main, la porte-parole de la délégation de l'EHPAD et de l'hôpital de Nemours (Seine-et-Marne), devant un parterre de militants à l'enthousiasme joyeux.

Faire plus avec moins ?

À midi, la distribution de sandwichs commence, et les militants venus de toute la France échangent dans une ambiance bon enfant. Sur l'estrade installée pour l'occasion, les prises de paroles s'enchainent : « Aujourd’hui, l'hôpital est devenu indigne par manque de moyens. Les budgets et les effectifs ne sont jamais à la hauteur des besoins » explique Claire Moreno, secrétaire générale CGT de l’hôpital de Montfavet (Vaucluse). Dans cet hôpital psychiatrique, des détenus venus des prisons d'Arles ou du Pontet sont transférés parfois sans protection policière, faute de moyens alloués par le préfet. Pour la syndicaliste, « c’est un scandale, nos agents se mettent en danger tous les jours. »

Pour les soignants, si les mesures d'austérité prévues dans le budget avorté de François Bayrou, telles que l'année blanche ou la suppression de postes de fonctionnaires, sont pour l'instant suspendues, la crainte demeure forte. Sébastien Lecornu, avant sa démission, avait refusé de les enterrer. « On voit les Premier ministres se succéder et avec toujours les mêmes annonces de 5 milliards d’euros d’économie dans les caisses pour l’hôpital et pour la santé du manière générale » s'inquiète Sylvain, manipulateur en radiologie au CHU de Toulouse (Haute-Garonne), et élu CGT. « Ces coupes impactent directement nos conditions de travail parce que ça implique encore des collègues en moins, des prises en charge qui seront moins bien faites et encore plus d’épuisement au travail parce qu’on va nous demander de faire plus avec moins. »

Des morts évitables

Les revendications exprimées sont nombreuses, et donnent un panorama inquiétant d'un secteur sous asphyxie budgétaire. Pour Catherine, aide-soignante de nuit au centre hospitalier La Chartreuse (Côte-d'or), les priorités sont claires : « avoir un meilleur salaire, déjà, et le recrutement urgent de médecins, de psychiatres et de pédopsychiatres. » En 2025, le gouvernement a reconnu la santé mentale comme un grande cause nationale, sans effet concret selon Catherine : « pour l'instant, nous, on ne voit rien arriver. »

Malgré ces manques, la tendance dans l'administration est plutôt à la fermeture. Au CHU de Toulouse, deux services ambulatoires des urgences vont fermer à compter du 1er novembre 2025. « On fait en moyenne 400 passages par jour, il y en aura 150 de moins » explique Sylvain. « Pour l'instant, on est dans le flou, on ne sait pas ce qui va arriver aux collègues des services concernés, on n'a aucune information de la direction. » D'après la CGT CHU Toulouse, le nombre de passages aux urgences a augmenté de près de 9000 de 2023 à 2024. En parallèle, la population de la ville rose a augmenté de 14 % en 10 ans, en faisant la 3e ville de France. « On court vers une catastrophe, on va encore provoquer des morts évitables. »

Un tramway nommé colère

« Depuis 5 ans, on ferme des services tous les étés » déplore Isabelle, de l'EPSM de Caen (Calvados). Pour sa collègue, Gwenaëlle, « il y a bien un dialogue avec la direction, mais on ne se sent jamais entendus ». La ville de Caen prévoit par ailleurs une extension d'une ligne de tramway, avec une station sur le site de l'hôpital. Outre les 10 lits supprimés, la CGT de l'établissement estime que 80 patients et leurs soignants seront impactés par le bruit des travaux et suivront un cheminement compliqué pour accéder aux bâtiments. « Ils vont nous prendre un hectare, qu'on a vendu pour une bouchée de pain » souffle Gwaenaëlle, exaspérée, « alors qu'on a encore un emprunt jusqu'en 2030. Il y a eu quelques actions syndicales, mais la mairie est plus forte… Cependant, on ne lâche rien. »

Santé et sécu, même combat

« Nous, notre préoccupation principale est la même que tout le monde ici, c'est le point commun entre la santé et la sécu, c’est-à-dire le PLFSS » affirme Manu, secrétaire général CGT de la CPAM du Cher. « On était déjà dans l’action au printemps, on a fermé notre accueil et depuis le mois de septembre on a mobilisé au moins la moitié de la CPAM pour les manifestations. Et ça, ça durera jusqu’à ce qu'enfin il y ait une prise de position claire du gouvernement pour répondre à nos revendications. » Le président de la République devrait nommer un Premier ministre d'ici à vendredi soir, qui aura la tache de répondre à toutes ces revendications…