14 mars 2016 | Mise à jour le 16 février 2017
Le 9 mars dernier, un cheminot sur deux était en grève. En jeu : le projet de loi El Khomri, mais aussi des revendications spécifiques. La mobilisation, organisée de longue date, a commencé à porter de premiers fruits.
Ce 9 mars 2016, plus de 450 000 personnes, salariées, jeunes, privées d'emplois, se sont mobilisée contre le projet de loi El Khomri. Mais pas seulement. À cette date, les fédérations de cheminots CGT, UNSA, SUD et CFDT et FO appelaient aussi à la grève pour la défense de l'emploi, des salaires et des conditions de travail. « À cela s'est ajouté un projet de décret socle découlant de la réforme du ferroviaire sur la réglementation de la SNCF » souligne Pascal Poupat, secrétaire fédéral de la CGT Cheminots. Un projet qui a visiblement heurté les cheminots puisqu'il remet en cause leur quotidien au travers notamment des questions liées au temps de travail et de repos.
Selon le syndicaliste, la force du mouvement en cours est très largement minimisée par la SNCF : « La direction annonce 38 % de grévistes, mais, nous l'avons vérifié auprès des établissements, nous sommes largement au-dessus des 50 % de grévistes. Qu'il s'agisse des personnels roulants, de ceux du matériel, de l'équipement ou des administratifs, la grève a été très suivie dans tous les métiers et sur l'ensemble du territoire. »
Nombre de cheminots ont commencé leur journée du 9 mars par une assemblée générale, puis sont allés rejoindre les rangs des manifestations interprofessionnelles qui avaient lieu dans les régions et les grandes villes : Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux… La fédération des CGT Cheminots porte l'exigence d'une convention collective nationale de haut niveau aux antipodes des reculs envisagés par le gouvernement.
Signe que le gouvernement craint le spectre de 1995, des premiers bougés ont été enregistrés : « Un autre projet socle a été présenté. Celui-ci ne nous convient pas, mais on voit bien que l'ambiance générale va les amener à revoir leur position. Ils se sont engagés à négocier le décret socle, l'accord de branche et l'accord d'entreprise en même temps. »
CHEMINOTS ET USAGERS : MÊMES BESOINS
En amont de l'action du 9 mars, des milliers de tracts avaient été distribués dans les gares par les cheminots CGT. Malgré les traditionnelles campagnes sur les « prises d'otages » des voyageurs, l'accueil réservé par les usagers a été particulièrement favorable. « Lorsqu'on aborde la question de la sécurité et des accidents, de la suppression des lignes, de la régularité des transports et des effectifs qui manquent, les gens sont attentifs. Ils savent que notre grève n'est pas corporatiste et que nous défendons le service public », poursuit Pascal.
D'ores et déjà, la fédération CGT des Cheminots appelle à l'action le 31 mars prochain avec les revendications professionnelles et interprofessionnelles. Une autre action « ultimatum » est aussi envisagée fin avril, début mai, qui sera suivie d'autres actions si les lignes ne bougent pas.
Mais d'ici là, la jeunesse pourrait bien bousculer le calendrier. Les cheminots se disent attentifs aux bougés interprofessionnels. Le 17 mars prochain, des organisations étudiantes appellent à des actions et manifestations. Certaines des organisations de la CGT, comme la fédération CGT des métallurgistes, ont déjà appelé à se joindre à ce mouvement. Le train est lancé, il ne s'arrêtera pas de sitôt.