11 février 2020 | Mise à jour le 11 février 2020
Le Sénat a adopté le 4 février 2020 la proposition du sénateur LR Bruno Retailleau d'instaurer un service minimum avec des réquisitions de grévistes. La CGT dénonce un texte qui constitue une attaque contre le droit de grève. L'Assemblée nationale ne l'a cependant pas encore examiné.
« Pourquoi ne pas supprimer le droit de grève tant qu'on y est ! » avait tonné fin novembre 2019 Philippe Martinez sur RTL à propos du projet de loi présenté par le sénateur LR Bruno Retailleau. Plus de deux mois de grèves plus tard, et alors que les tensions sociales ne cessent ne s'exacerber, le Sénat à majorité de droite vient d'adopter ce texte contre les « prises d'otages », qui vise à instaurer des réquisitions de grévistes pour assurer un service minimum dans les transports en commun.
Attaque en règle contre le droit de grève
Si le service minimum existe dans les hôpitaux pour des raisons évidentes de sécurisation des patients ou dans les maternelles pour l'accueil des enfants, son instauration dans les transports publics ne relève en aucune façon des mêmes nécessités. Cette notion elle-même n'existe d'ailleurs pour les salariés des transports publics que de manière très récente, au travers d'une loi adoptée en 2007 sous Nicolas Sarkozy.
Une loi cependant qui est assez peu contraignante puisqu'elle se borne essentiellement à l'obligation de se déclarer en grève 48 heures à l'avance. En cela, la proposition de Bruno Retailleau vise à rendre effectif le service minimum avec des réquisitions de grévistes. La CGT l'analyse comme une attaque en règle qui « revient non seulement à priver des centaines de milliers de salariés de l’exercice du droit de grève mais à nier l’essence même du droit de grève ». De quoi rajouter de l'huile sur le feu des luttes actuellement en cours. Tout cela n'est cependant pas terminé, puisque le texte doit encore être examiné à l'Assemblée nationale.
Philippe Martinez accuse la RATP d'attaquer le droit de grève
Le Sénat rejette l'interdiction des coupures EDF
Sans doute inspiré par cette situation, le sénateur communiste Fabien Gay a de son côté présenté une proposition de loi de 6 février 2020. Celle-ci vise à interdire les coupures d'électricité et de gaz tout au long de l'année pour instaurer l'accès à l'énergie en « droit fondamental ». En 2019, quelque 574 000 ménages en situation de précarité ont été victimes de coupures ou de limitations de fourniture d'énergie.
Le sénateur communiste s'insurge du fait que la droite et le gouvernement ont « poussé de concert des cris d'orfraies » quand des syndicalistes ont coupé quelques instants l'électricité en des endroits symboliques, tandis qu'ils ne s'émeuvent pas le moins du monde des ménages en situation de détresse économique. Le Sénat, à majorité de droite, a repoussé cette proposition.