20 décembre 2016 | Mise à jour le 27 décembre 2016
Entretien avec Frédéric Imbrecht, membre de la commission exécutive de la CGT et du comité exécutif de la Confédération européenne des syndicats (CES)
Quelle est la position de la CES sur l'accueil des réfugiés ?
Elle est très offensive, à l'initiative, plus particulièrement, des syndicats italiens, grecs, portugais et français. Au-delà de l'accueil, la CES est favorable à l'intégration des réfugiés dans la société européenne. Elle défend l'idée que celle-ci passe par leur intégration sur le marché du travail et que chaque pays de l'Union européenne devrait y prendre solidairement sa part. Elle rappelle aussi les obligations internationales, notamment à l'égard des demandeurs d'asile.
Face à l'arrivée des migrants, la CES est-elle traversée par les mêmes débats que les sociétés européennes ?
Oui, évidemment. Il y a le cas exemplaire de la Suède, qui mène une politique très progressiste. Elle investit pour faire de l'inclusion au marché du travail le moteur de l'intégration des réfugiés à la société suédoise, comme elle l'a réussi avec les réfugiés de Bosnie-Herzégovine. Mais la question est difficile à aborder, suscite de la gêne, voire de l'hostilité. Quelques syndicats européens l'affrontent. D'autres, notamment en Europe centrale ou de l'Est, ne le font pas. C'est une difficulté au sein de la CES.
Comment dépasser cette difficulté ?
Il faut mener le débat à contre-courant des idées dominantes, mais sans culpabiliser personne car il y a des peurs, des angoisses. Le syndicat polonais OPZZ est parvenu à lancer un travail d'explication auprès de ses syndiqués, comme l'a fait la CGT sur l'extrême droite.
Et la CGT, qui maintenant est en pointe sur la question des travailleurs détachés, commence un travail concret au sujet des migrants : accueil dans les centres de vacances de comités d'entreprise et de CCAS, création d'un collectif de travail « migrants », etc. Il s'agit là de solidarité et de fraternité. Des valeurs avec lesquelles la CGT ne transige pas.