28 novembre 2019 | Mise à jour le 29 novembre 2019
Une semaine avant la grève nationale interprofessionnelle du jeudi 5 décembre contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, l'intersyndicale parisienne (CGT, FO, Sud et FSU) s'est retrouvée pour une nouvelle distribution de tracts dans le 15e arrondissement, nouveau grand bassin d'emplois de la capitale, pour informer les salariés et débattre avec eux.
Jeudi 28 novembre, 8 heures du matin. Ils sont une bonne trentaine, militants de la CGT, de FO, de Solidaires ou de la FSU à se retrouver sur l'esplanade Henri de France. Un quartier certes excentré du 15e arrondissement de Paris, mais stratégique. Préfecture de Paris, Hôpital européen Georges Pompidou, France Télévision, BFM TV, Altice-SFR ou encore Safran, « le 15e arrondissement est devenu le plus peuplé de Paris, celui où il y a le plus de salariés et on est là pour une diffusion de masse », explique Benoit Martin, secrétaire général de l'UD CGT de Paris, les bras chargés de tracts signés par l'intersyndicale appelant à la « défense et au maintien de tous les régimes de retraite, [au] retrait du plan Macron-Delevoye » et à « s'engager massivement dans la grève à partir du 5 décembre » voire à « reconduire le mouvement ».
« Il est clair que projet de réforme des retraites entraine pas mal de mécontentements », constate Benoit qui s'attend à des grèves suivies outre à la RATP, la SNCF, les hôpitaux, les écoles ou les services de propreté parisiens mais encore, au niveau national, dans des secteurs comme l'agroalimentaire ou l'industrie, la pétrochimie et les dockers, entre autres. « Ce mouvement est interprofessionnel et unitaire », insiste-t-il. « Ce qui fait la force de la Sécurité sociale, c'est qu'elle constitue un lien de solidarité entre les générations, entre les différentes caisses de retraite. Ce n'est pas chacun pour sa gueule. Cette réforme signifierait un retour au XIXe siècle et ce n'est pas possible ! »
Tous ensemble
Un avis partagé par Alain, retraité de l'Éducation nationale et militant FO, « pas étonné » de distribuer ces tracts aux côtés de représentants d'autres organisations syndicales. « On a eu des prises de position et des actions communes contre la loi Blanquer ou la réforme du bac et ce qui nous unit aujourd'hui, c'est le maintien du système de retraite actuel et le refus d'un système à points qui va baisser les retraites de tout le monde. Cette réforme, c'est une “contre-réforme” destinée à reprendre tous les avantages gagnés. »
Autant d'arguments qui trouvent un écho favorable auprès de ceux qui prennent le temps de s'arrêter avant de se presser pour aller au travail. « Aujourd'hui, on ne connaît ni la réforme ni s'il y existe des alternatives possibles », s'inquiète Frédéric, cadre dans l'informatique et le développement durable, déjà descendu dans la rue en 1995 contre le « plan Juppé ». « J'essaie de comprendre, mais quand des énarques pondent des lois dans un langage que personne ne parle, ce n'est pas facile. Mais c'est sûr qu'il y a un problème. »
Le gouvernement joue la désinformation et veut diviser
Quant à Jacinthe, jeune femme employée dans une société de services informatiques, pour elle, pas d'hésitation : « Cette réforme concerne tout le monde. La grève est essentielle et j'aimerais qu'elle réussisse parce que je ne veux pas mourir au boulot ». Pas question non plus de revenir sur la question des régimes sociaux. « Ça doit se faire en fonction de la pénibilité. Maintenant, s'ils veulent supprimer les inégalités, pourquoi ne pas tirer tout le monde vers le haut ? »
Questions pour l'instant sans réponses. Le gouvernement joue « la désinformation », parle d'« amélioration du sort des femmes » en dépit de tous les rapports annonçant l'inverse, ose dénoncer un « refus de perdre ses privilèges ». Il espère créer « la division entre public et privé, femmes et hommes, régimes spécial et général » pendant que « les patrons prônent le travail à domicile et encouragent le covoiturage, parlent de salariés pris en otages », ironise Benoit Martin.
9 h 20. Les passants ont disparu dans leurs bureaux respectifs. Quelque 3 500 tracts ont été distribués en moins d'une heure et demie. « Maintenant, on continue dans les boites », lance le secrétaire général de l'UD. « Et on se retrouve le 5 ! »
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