
Conférence sociale : tout ça pour ça !
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Mouvement inédit chez JDE Peets, où les salariés dont 90% des équipes de production ont fait grève deux semaines pour obtenir des augmentations de salaire significatives.
« Cette grève nous a galvanisé et nous a donné des forces pour nos combats futurs », s'enthousiasme Patrice Badiou, syndiqué CGT. Cela fait environ une semaine que les 350 salariés (auxquels s'ajoutent 150 intérimaires) ont repris le chemin de leur usine JDE Peets à Andrézieux-Bouthéon (Loire). Dans cette fabrique d'opercules en métal de capsules de café et de paquets de café moulu, les salariés et représentants syndicaux sont parvenus à arracher, après deux semaines de grève dont une de blocage du site, une augmentation de salaires de 160 euros bruts mensuels ainsi qu'une prime exceptionnelle de 1500 euros.
Au premier rang des mécontentements des salariés : les salaires. Sur le site, deux équipes de production se relaient, en 5-8 et en 3-8. « Le rythme est difficile, on vit complètement en décalé, on est debout la nuit, on mange en dehors des heures de repas, on a des soucis de santé… Le salaire n'était vraiment pas aligné avec ces conditions de travail », témoigne Azzedine Amzrar, ouvrier depuis 15 ans, qui travaille en 5-8. Mais plus encore, c'est le décalage entre les salaires et les résultats du groupe, coté en bourse, qui les a fait bondir. « Au premier semestre 2025, les bénéfices de JDE Peets ont été de 422 millions d'euros, alors que nos salaires ont augmenté de 1,5% cette année. 250 millions d'euros ont été donnés aux actionnaires sous forme de rachat d'actions. Nous, on a eu 250 euros de chèques vacances, s'agace Patrice Badiou. On s'est rendu compte que notre seule usine représentait 20 à 25% des bénéfices du groupe, nous sommes la poule aux œufs d'or ! » Mi-août, ils ont été rachetés par Keurig Dr Pepper pour 23 milliards de dollars (19,7 milliards d'euros). La vente sera effective au 1er semestre 2026. Les syndiqués de la toute nouvelle section CGT, créée à peine six mois avant, décident de tracter pour informer les salariés sur le sujet. « À la salle de pause, on ne parlait que de ça, même plus de politique ! Personne n'aurait imaginé qu'il y aurait cette grève mais après ça, il suffisait d'une étincelle », se rappelle Azzedine Amzar.
Un premier courrier est adressé à la direction, qui n'apporte pas de réponse satisfaisante, « preuve de l'absence d'écoute qui a cours dans l'entreprise depuis le changement de DRH », souligne le salarié CGT. Les salariés décident, à l'unanimité, de se mettre en grève le 23 septembre : 90% des équipes de production et de maintenance débrayent. Une semaine après, nouvelle rencontre avec la direction qui propose 50 euros bruts d'augmentation (la CFDT et la CGT demandent 250) et 1000 euros de primes. « Quand on a présenté les propositions de la direction en AG, la réponse unanime des salariés a été de durcir le mouvement. À partir du 30 septembre, on a bloqué tout camion qui amenait des matières premières ou repartait avec la production », expose Patrice Badiou. Un piquet est organisé 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, tenu par les salariés. La direction fait un constat d'huissier et les assignent en justice pour « atteinte au droit d'entreprendre ». « La juge a demandé pourquoi il n’y avait pas eu de médiation avant la grève. Nous y avions fait appel mais n'avions jamais eu de retour. La juge a laissé le blocage en place le temps qu'une médiation se fasse », ajoute Patrice Badiou. Deux jours plus tard, un accord est signé avec la direction. « Je ne m'attendais pas à ce qu'on obtienne 250 euros… En 15 ans, je n'avais jamais eu une telle augmentation ! La dernière plus grosse était de 100 euros, il y a trois ans. L'an dernier, j'ai été augmenté de 40 euros », ajoute Azzedine Amzar. Cette victoire a aussi permis aux salariés, qui se croisent peu vu leurs horaires décalés, de se rencontrer et d'échanger.
De quoi inspirer d'autres luttes ? C'est ce qu'espère Jean-Luc Ferrapie, secrétaire général de l'Union locale CGT d'Andrézieux-Bouthéon. Il indique que 30 salariés ont entamé des démarches d'adhésion pour la section de JDE Peets. « Notre prochain combat : le taux de précarité dans l'entreprise. Il y a des intérimaires depuis des années, il faut pérenniser les postes », estime Patrice Badiou qui veut présenter une liste CGT aux prochaines élections. « J'en ai fait des grèves, depuis 15 ans ! Celle-là était spéciale car elle a duré longtemps et a créé une cohésion qu'on n'avait jamais eue avant ! Cette grève a créé des amitiés incroyables, on a un groupe de discussions… Si on a gagné, c'est grâce à la cohésion et à la solidarité qui se sont créées entre nous », juge Azzedine Amzar.

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