Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Ils ne sont pas près de lâcher pas l’affaire. D’autant plus que la crise sanitaire et économique leur donne doublement raison. Jeudi 25 juin, les ex-salariés de Luxfer Gas Cylinders, entreprise britannique, organisaient un rassemblement devant leur usine située rue de l’Industrie – tout un symbole –, à Gerzat (Puy-de-Dôme).
L’Auvergne est le dernier site européen de production de bouteilles d’oxygène médical destinées aux hôpitaux et aux pompiers. Le dernier site… jusqu’à l’automne 2018, date à laquelle, le groupe britannique détenu par des fonds d’investissements – dont le tristement célèbre BlackRock – a décidé de délocaliser la production dans le seul but d’augmenter ses profits.
Le carnet de commande se portait alors bien. L’usine tournait a plein régime, fabriquant 140 000 bouteilles par an. Elle réalisait même un bénéfice net de 1,1 million d’euros (22 millions de chiffre d’affaires en 2018). Las, malgré d’importants investissement trois ans auparavant, la direction britannique décidait de fermer définitivement les grilles de l’usine en 2019.
Résultat : 165 personnes (CDI et intérimaires) sur le carreau. Si personne ne peut se résoudre à ce gâchis économique et humain, seuls les plus déterminés se sont lancés dans une bataille acharnée. Début 2019, l’occupation du site par les ex-salariés commence. Elle est suivie, durant toute l’année, par de nombreuses interpellations des élus locaux, des manifestations, des projets économiques, et l’occupation en permanence du site auvergnat pour éviter le démantèlement total de l’usine.
Car le comble, c’est que cette usine intéresse de potentiels repreneurs. Mais la direction britannique refuse de vendre pour préserver sa position monopolistique sur le marché médical. Une attitude qui s’apparente à « un acte illégal qui ne respecte ni les lois françaises ni les lois européennes », dénoncent dans un communiqué les syndicats CGT et CFDT du Puy-de-Dôme, qui pointent aussi l’incurie du gouvernement Philippe, et le je-m'en-foutisme d’Emmanuel Macron.
En mars, le confinement aura eu raison de la détermination de ces combattants du social, la police ayant fait évacuer le site occupé. Une mise entre parenthèses seulement. Car, dès mai 2020, les Luxfer remettaient la pression pour faire connaître leurs propositions et relancer la mobilisation au niveau national.
Jeudi 25 juin, sous un soleil de plomb, plus de 1 000 sympathisants sont venus lui prêter main forte et dénoncer l’absurdité de ce désastre économique et humain programmé par une multinationale, sans autre raison que la cupidité capitaliste.
Citoyens, salariés d’autres sociétés (comme Air Liquide, Michelin, GM&S…), élus politiques et syndicaux ont répondu présents. Inconnu hier, le site est devenu emblématique. Après avoir évoqué – un temps et mollement – la possibilité de nationaliser Luxfer, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie avait rapidement balayé cette idée.
Nationaliser même temporairement ce fleuron de l’industrie, ex-filiale de Pechiney, serait l’occasion pour le gouvernement de mettre ses propos sur « le monde d’après » en accord avec ses actes. Hélas, pour le moment, c’est silence radio au sommet de l'État.
Pourtant, Luxfer est bien cette « matérialisation de ce que porte la CGT depuis des mois et qui est plus que jamais d’actualité. Le président veut relocaliser, il a là un site clé en main pour le faire ! », a déclaré Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, présent à ce rassemblement de soutien aux cotés de quelques têtes d’affiches politiques, comme Jean-Luc Mélenchon (LFI), l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, ou des représentants d’Europe Écologie-Les Verts.
Une production vitale, un savoir-faire ouvrier, des investissements réalisés, une société en bonne santé financière… Toutes les conditions sont rassemblées pour que Luxfer redémarre enfin. La crise sanitaire a mis sur le devant de la scène la nécessité d’une indépendance en matière de production stratégique. Ne pas sauver Luxfer serait pire qu’un manquement pour l'État. Cela serait un aveu.
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