9 mai 2019 | Mise à jour le 9 mai 2019
Au prétexte de rendre les services administratifs « plus attractifs et réactifs », le projet de loi dit « de transformation de la fonction publique » annonce la suppression de 120 000 postes d'ici 2022. Les trois versants de la fonction publique sont visés : État, territoriale, et hospitalière, même si pour ce versant, le gouvernement n'ose pas en dévoiler l'ampleur.
La réforme prévoit la création d'un nouveau contrat dit « contrat de projet », sorte de nouveau CDD ouvert à toutes les catégories hiérarchiques (A, B et C), plafonné à six ans et qui ne pourra aboutir à aucune titularisation. Celui-ci a vocation à faciliter les recrutements au sein de métiers spécifiques peu présents dans le secteur public, comme des postes de direction, qui seront ouverts aux contractuels. Ou comment l'État, employeur, développe des contrats courts qu'il prétend limiter dans le privé…
Privatisation rampante
C'est « le pendant des ordonnances travail pour le public ». Les intentions gouvernementales sont explicites. Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, résume ainsi fièrement le futur texte de loi qui entend aussi « favoriser la mobilité » des fonctionnaires.
Par un heureux hasard du calendrier, un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), commandé par Darmanin a été publié dans Le Figaro, deux jours avant la présentation du projet de loi en conseil des ministres, le 27 mars. Il remet le couvert sur le temps de travail des fonctionnaires, pointant qu'un tiers d'entre eux travailleraient moins de 35 heures par semaine.
Une réforme qui concerne tout le monde
En 2016, l'Igas avait voulu tenir secrètes les conclusions d'une de ses études, qui concluait que la réduction du temps de travail pouvait contribuer au recul du chômage.
Excellent prétexte pour justifier le rabotage des postes tout en faisant passer les fonctionnaires pour des fainéants qu'il faudrait remettre au travail. Une vision que les libéraux ne cessent de marteler quand la réalité de la vie au travail de la grande majorité des fonctionnaires est tout autre : infirmières empêchées de prendre leurs RTT, absence de remplacement des congés maternité… Les exemples de surcharge de travail dans les trois versants de la fonction publique sont aussi légion mais font rarement la « une » des journaux.
Remise en question de leur indépendance à l'égard du pouvoir, affaiblissement des instances de représentation du personnel, individualisation des rémunérations, la réforme qui se profile est une attaque directe envers les agents publics. Elle est aussi ultra dangereuse pour tous les citoyens puisque c'est l'avenir de services publics de qualité dont il est question. La contrer suppose une mobilisation massive, non seulement des agents publics, mais aussi des usagers et des citoyens. Rendez-vous, le 9 mai.