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Les salariés mobilisés le 30 juillet 2025, devant le site d'Hagondange (Moselle)
Les métallos de l'usine Novasco d'Hagondange, en Moselle, rentrent de congés ce lundi 25 août, avec, dès le premier jour, une assemblée générale des salariés organisée par la CGT, la CFDT et la CFE-CGC. Le lendemain, se tient une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE). Car pendant la pause estivale, Novasco a été placé en redressement judiciaire le 11 août par le tribunal de commerce de Strasbourg, qui a fixé la date limite des offres de rachat au 4 septembre et la prochaine audience au 25 septembre.
Comme un goût de déjà-vu, après le redressement judiciaire, au printemps 2024, du producteur d'aciers spéciaux Ascométal, alors propriété du suisse Swiss Steel (lire ici). La majorité des sites – Hagongange, Leffrinckoucke (Nord), Custines (Meurthe-et-Moselle) et Le Marais (Loire) – ont été repris par le fonds d'investissement anglais Greybull Capital. Le nouvel ensemble, totalisant 760 salariés, a été rebaptisé Novasco, tandis que le dernier site, celui de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a été racheté par l'italien Marcegaglia. Pendant la décennie précédente, Ascométal avait déjà vécu deux autres redressements judiciaires.
Pour emporter le morceau, Greybull Capital avait promis d'investir 95 millions d'euros, à côté de 80 millions d'euros d'aides d'État. Selon les élus CGT au CSE, alors que l'État a respecté son calendrier, Greybull Capital n'a déboursé que 1,5 million d'euros. « Greybull se présente comme un spécialiste du retournement par le haut, qui investit, remet (l'entreprise qu'il a achetée) à flot et la revend au bout de quatre ou cinq ans », explique Yann Amadoro, délégué syndical CGT à l'usine d'Hagondange et secrétaire du CSE central de Novasco. A Hagondange, ce plan comprend, moyennant un investissement de 25 à 35 millions d'euros, la création d'une ligne de production de lingots d'acier, susceptibles d'alimenter l'industrie nucléaire, l'éolien, les forages pétroliers ou encore la fabrication d'obus. Pour le moment, le chantier se résume à « un trou et un tas de graviers, concrètement pas grand chose », décrit-il.
Greybull Capital a visiblement sous-estimé les besoins financiers du dossier Novasco, préférant finalement ne rien débourser plutôt que revoir à la hausse sa participation. Yann Amadoro évoque ainsi « un rapport du cabinet de conseil PwC (PricewaterhouseCoopers) selon lequel il faudrait au moins cent millions d'euros supplémentaires ». Le comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) semble avoir été le premier berné, endormi par les propos rassurants du directeur général du groupe, remplacé il y a quelques mois par le numéro 2 de Greybull Capital. « Il n'y a pas eu de suivi, dénonce Yann Amadoro. Quand la CGT demande des contreparties au versement d'argent public et un contrôle, nous en sommes l'exemple type… »
Si à Leffrinckoucke, la promesse de remise en route du laminoir, fermé en 2019, a bien été tenue, c'est grâce aux seuls fonds publics. « Les travaux avaient commencé dès septembre 2024 », se souvient Jean-Louis Clarys, délégué CGT et élu au CSE central. Mais, à Leffrinckoucke comme sur les autres sites, les journées de chômage partiel se sont multipliées depuis un an, entraînant des pertes de salaire jusqu'à « 200 ou 250 euros par mois », évalue-t-il. Le redressement judiciaire de 2024 n'a pas aidé à rassurer les clients ni les fournisseurs, les carnets de commandes ont eu du mal à se remplir et la trésorerie a vite fait défaut.
Et quand les commandes sont là, comme à Hagondange, il est compliqué de les honorer. En témoignent les nombreuses pannes à l'aciérie mosellane et le grave accident de novembre dernier, qui a blessé trois ouvriers, entraîné un arrêt de sept semaines et un coût de quinze millions d'euros. Stoppée pour les congés d'été, l'aciérie d'Hagondange sera-t-elle remise en route à la reprise ? La situation pourrait vite devenir très tendue, sachant, par exemple, que l'équipementier automobile japonais Jtekt, qui fournit 20% de l'industrie automobile européenne en crémaillères de direction, dépend exclusivement de la matière première que lui livre Novasco Hagondange.
« Le timing du tribunal de commerce est serré », commente Jean-Louis Clarys. Les « marques d'intérêt » enregistrées par le tribunal de commerce se concrétiseront-elles par des offres de reprise ? Si oui, pour l'ensemble du groupe ou une partie seulement ? « On les soutient de tout notre cœur », lance depuis Fos-sur-Mer François Barges, délégué CGT de ce site désormais dans le giron de l'industriel italien Marcegaglia. Il a déjà prévu le déplacement d'une délégation des Bouches-du-Rhône pour la « marche citoyenne » organisée le 4 septembre à Hagondange.
A Fos-sur-Mer, également touché par le chômage partiel, c'est un investissement d'environ 800 millions d'euros et l'embauche de plusieurs centaines de personnes qui sont programmés. Il s'agit d'ajouter à la production d'aciers spéciaux celle d'acier plat, pour alimenter l'usine Macegaglia de Ravenne (Italie). « Le débat public a eu lieu en juillet, les demandes de permis de construire devraient être déposées en septembre-octobre », détaille François Barges, qui reste cependant attentif à la poursuite du projet.

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