Une journée d'action pour les libertés syndicales
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C’est la deuxième injonction de réintégrer Mahamadou Kanté à son poste de travail qui vient d’être formulée à la direction de l’entreprise de recyclage de déchets Paprec de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) par l’inspection du travail de Bobigny.
Dans sa lettre du 18 août, l’inspecteur du travail ordonne la réintégration immédiate du salarié à son poste de conducteur d’engin, et le versement sans délai des salaires non versés durant toute la période de mise à pied conservatoire abusive du salarié, autrement dit depuis environ huit mois.
L’enquête contradictoire menée par l’inspecteur a en effet confirmé par deux fois le lien entre les deux demandes successives de la direction de l'entreprise d’autoriser le licenciement de Mahamadou Kanté et son mandat de représentant syndical CGT.
Des échanges de courriels entre le directeur du site de La Courneuve et la direction des resssources humaines de Paprec, notamment, établissent sans équivoque que les reproches de violence ou d'agressivité qu'a formulés la direction à l'encontre du militant syndical sont sans fondement et relèvent en réalité d’une discrimination du fait de son activité syndicale.
Interrogé dans le cadre de l’enquête contradictoire, l’auteur du courriel a reconnu se référer à la CGT et à monsieur Kanté en évoquant des « personnes représentant un grand danger pour l’équilibre de l’agence ». Plus loin, le directeur du site ose même : « Pour moi, une mise à pied conservatoire ne suffira pas à régler le problème, bien au contraire sans doute. » Mais en novembre 2016, monsieur Kanté est mis à pied à titre conservatoire, en vue d’un licenciement dont la direction de Paprec a sollicité l’autorisation à l’inspection du travail en décembre 2016.
La direction de Paprec n’a pas su apporter la moindre explication à cet échange avec son responsable de site. Interrogée en janvier par la NVO au sujet de la discrimination antisyndicale potentielle visant monsieur Kanté, la direction RH de Paprec répondait par écrit : « Dans le groupe Paprec, nous ne pratiquons évidemment pas de discrimination syndicale. En revanche, commenter ces événements nuirait à la procédure en cours et entraverait le respect de la vie privée. »
Il sera en tout cas bien difficile pour Paprec de continuer de s’acharner contre Mahamadou Kanté sans risquer d’encourir de lourdes peines, notamment pour entrave aux libertés syndicales ou pour discrimination antisyndicale contre un salarié après treize années d’ancienneté, sans la moindre ombre au tableau, jusqu’à sa désignation comme représentant syndical CGT.
Pour l’heure, la direction de Paprec joue la montre. Formulant un recours contre la décision de l’inspecteur du travail, elle espère que l'affaire tirera en longueur jusqu’à faire craquer monsieur Kanté lequel, sans salaire depuis des mois, a accumulé 6000 euros de dette envers le bailleur de son logement. Mais c’est sans compter sur l’esprit de solidarité et les valeurs de fraternité de toute la CGT.
L’union départementale CGT de Seine-Saint-Denis a présenté divers recours en justice contre Paprec. Il y a fort à parier que la justice rétablira monsieur Kanté dans ses droits. D’ici là, la CGT se mobilise en sa faveur. Un « pot commun » est lancé, et la solidarité se développe pour qu’il soit réintégré à son poste de travail (conformément, donc, aux deux décisions de l’inspection du travail) et pour qu’il puisse enfin exercer son mandat de représentant syndical.
Il y a matière à s’interroger sur un tel acharnement antisyndical. Et sans doute à enquêter sur les pratiques internes de l’entreprise Paprec qui a construit son image en grande partie sur des valeurs annoncées comme éthiques, humaines et écologiques, antiracistes, etc. Si, sur tous ces plans, Paprec n’a rien à se reprocher, pourquoi craint-elle donc tant la CGT ?
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