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TEMPS DE TRAVAIL

Réduction du temps de travail : une bataille de longue haleine

16 octobre 2021 | Mise à jour le 16 octobre 2021
Par | Photo(s) : Hin
Réduction du temps de travail : une bataille de longue haleine

«À partir du 1er mai 1906, nous ne travaillerons plus que huit heures par jour. » Les photos d'époque de l'immense banderole fièrement accrochée sur la devanture de la Bourse du Travail de Paris rappellent à quel point la réduction du temps de travail fait partie des combats fondamentaux de la CGT depuis sa naissance même.

On le sait, il aura fallu mener d'âpres batailles pour qu'en 1919 soit enfin adoptée la loi sur les huit heures. Or, malgré le vote de cette loi, son application nécessitera encore de multiples luttes pour l'imposer pied à pied. Sur ce terrain, l'année 1936 bouscule la donne par une avancée sans précédent. Avec les premiers congés payés, l'utopie délirante de voir les patrons payer les ouvriers à ne rien faire se réalise.

Et, tandis que la CGT enregistre cette année-là un raz-de-marée d'adhésions, le Front populaire adopte la loi sur les 40 heures hebdomadaires. Annulée par Vichy, elle sera restaurée à la Libération. On passe aux 35 heures avec les lois Aubry de 1998-2000. Là aussi, comme en 1919, rien d'automatique. Dès 2003, les 35 heures sont atténuées par la loi ­Fillon et le recul de l'âge de la retraite allonge de nouveau le temps de travail.

Car la bataille se décline sur tous les rythmes de la vie : le temps de travail journalier, hebdomadaire, annuel (congés) ou de carrière (retraite). Sur le long terme, malgré les reflux qui suivent presque systématiquement les grandes avancées, retenons toutefois que le temps de travail a quasiment été divisé par deux depuis le milieu du XIXe siècle.

Pendant ce temps, la productivité s'est accrue de manière exponentielle et, d'ailleurs, le passage aux 35 heures a encore permis d'accroître les gains de productivité de 4 à 5 %, selon l'Insee. Ces dernières années, le coup d'arrêt sur la réduction du temps de travail apparaît donc comme une anomalie, une période de gel du progrès social, que la CGT entend bien débloquer.

Les 32 heures s'imposent dans le paysage

De nos jours, la réduction du temps de travail à 32 heures revient au cœur des réflexions comme un outil de sortie de crise, et pas seulement à la CGT. Ainsi, l'un des groupes de la Convention citoyenne sur le climat, née en 2019, préconisait-il déjà non pas le passage aux 32 heures, mais aux 28 heures. Une mesure, qui a finalement été écartée après un débat mouvementé.

Ailleurs pourtant, des pays, comme l'Espagne ou ­l'Islande lancent des expérimentations sur les 32 heures. En Suède, les ouvriers de l'usine Toyota de Göteborg sont désormais aux 30 heures. Sa direction y a gagné en gains de productivité et les salariés en santé et bien-être, comme en témoigne la baisse des arrêts maladie. En France, des entreprises ­commencent à expérimenter les 32 heures, comme Airbus à Nantes, pendant le premier confinement.

La crise sanitaire accélère l'urgence

Tandis que, durant la pandémie, les aides d'État ont alimenté le chômage partiel, la sortie de la période pourrait bien se traduire par une avalanche de plans de licenciements qui grossiraient encore les rangs des chômeurs actuels. Le constat d'un temps partiel imposé massif – notamment pour les femmes – et le fait qu'on enregistre aussi 800 millions d'heures supplémentaires (soit l'équivalent de 500 000 emplois à temps plein) alertent sur l'absurdité d'un nouvel allongement du temps de travail, tel qu'envisagé notamment par le report de l'âge de la retraite.

Des éléments qui justifient pleinement la relance par la CGT de cette campagne qu'elle mène sur le très long terme pour la réduction du temps de travail.