Hôpital public : un démantèlement programmé ?
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Interpelé mi-mai lors d'une visite à l'hôpital, Emmanuel Macron avait promis de « mettre fin » à la « paupérisation » des soignants, en engageant une hausse de rémunération. Ces hausses de salaires seront « significatives », a assuré lundi Édouard Philippe, en lançant la concertation avec les professionnels de santé.
Ce geste est attendu depuis des années par les syndicats, qui pointent la faiblesse des salaires hospitaliers, notamment pour les infirmiers : ces derniers touchent 1 500 euros net en début de carrière, soit l'un des niveaux les plus faibles des pays de l'OCDE.
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S'agissant des infirmiers, l'objectif est d'atteindre un « niveau de rémunération » équivalent « à la moyenne européenne », a d'ores et déjà prévenu le ministre de la Santé, Olivier Véran. Soit une hausse d'environ 300 euros net par mois, selon les syndicats.
Les syndicats souhaitent que les revalorisations touchent aussi les aide-soignants et les agents hospitaliers. « Si on ne prend pas en compte ces personnes-là, on oublie tout un pan de l'hôpital », juge Julie Ferrua, de SUD Santé.
« La question du temps de travail » à l'hôpital « n'est pas un tabou », a assuré Édouard Philippe. Une prise de position déjà relayée par Olivier Véran, qui a jugé nécessaire de remettre en cause les « carcans qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage ».
Cette réforme est réclamée de longue date par la Fédération hospitalière de France (FHF), qui souhaite plus d'autonomie pour les hôpitaux, désorganisés selon elle par les 35 heures — la plupart des salariés accumulant des RTT sur leurs comptes épargne-temps, faute de pouvoir les prendre.
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Mais le sujet est politiquement sensible. « Il est incohérent de vouloir faire travailler plus des personnels qui n'ont jamais pu accéder à la réduction du temps de travail faute d'embauches », estime ainsi Mireille Stivala, de la CGT Santé.
« Il ne faut pas pervertir ce “Ségur de la santé” en brandissant un totem de remise en cause des 35 heures », a prévenu de son côté le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
L'exécutif a promis de mettre sur la table des discussions la « question des montées en compétences », pour « mieux valoriser toutes les carrières, tous les métiers et développer de nouveaux parcours professionnels ».
L'objectif est de renforcer l'attractivité des hôpitaux, qui peinent pour beaucoup à recruter et à fidéliser leurs salariés en raison des conditions de travail, mais aussi, selon les syndicats, d'une gestion inadaptée des ressources humaines.
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Chez les infirmiers, « 30 % des nouveaux diplômés abandonnent la profession dans les cinq ans », souligne ainsi Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI. Dans les hôpitaux, des milliers de postes restent par ailleurs vacants.
Cette situation oblige les hôpitaux à fermer des lits ou bien à embaucher des intérimaires. Un choix souvent coûteux, les intérimaires profitant parfois de la pénurie pour exiger des rémunérations supérieures aux grilles salariales.
« Notre système de santé n'est pas encore assez centré sur le patient, sur son parcours. Il n'est pas assez performant non plus dans son pilotage », a jugé M. Véran, disant vouloir combattre la « suradministration ».
À ce stade, le gouvernement n'a pas précisé les réformes qu'il entendait défendre, s'en remettant « à la concertation ». « Ma conviction est que la réponse réside bien plus dans le mode de management que dans les règles de gouvernance », a toutefois confié Édouard Philippe.
Pour les fédérations hospitalières et pour les syndicats, qui réclament de longue date une plus grande autonomie, la réorganisation des soins doit se traduire par l'arrêt des fermetures de lits — 100 000 d'entre eux ayant déjà été supprimés en l'espace de 20 ans.
Il faut « un moratoire immédiat », « jusqu'à la réévaluation des inégalités et des besoins dans chaque territoire », a plaidé lundi le Collectif Inter-Hôpitaux, défendant une mesure « au bénéfice des patients qui n'auront plus à attendre des heures sur un brancard ».
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Emmanuel Macron a promis lors d'une visite à l'hôpital de Mulhouse le 25 mars « un plan massif d'investissement » pour l'hôpital à l'issue de la crise du coronavirus. Selon le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce plan concernera à la fois les hôpitaux et les Ehpad.
Dans le cadre du dernier plan hôpital, adopté à l'automne, l'exécutif avait annoncé la reprise d'un tiers de la dette des hôpitaux publics, soit 10 milliards d'euros, ainsi que le lancement d'un plan d'aide à l'investissement de 150 millions d'euros par an.
« Il faut aller plus loin », a estimé lundi Édouard Philippe sans toutefois donner de chiffre. Le chef du gouvernement a jugé par ailleurs nécessaire de « réorienter » les investissements, pour « accélérer les projets » portés par les hôpitaux et les accompagner « dans leurs démarches de désendettement ».
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