
La CGT refuse l’austérité budgétaire
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Ce 10 octobre, les salariés du BHV se sont mis en grève pour protester contre l’arrivée de Shein, et plus largement contre la dégradation de leurs conditions de travail depuis la reprise du magasin par Frédéric Merlin.
Un gilet en laine à 10.12 € ou un lot de dix paires de chaussettes à 5.40 €, voilà sur quoi vous pourriez tomber en faisant vos courses au BHV, si un espace Shein y ouvre ces portes comme prévu, en novembre. Seulement, derrière ces prix avantageux se cachent des conditions de production désastreuses en Chine, selon une enquête des ONG Action Aid et China Labor Watch. Rémunération à la tache, journées pouvant aller jusqu'à seize heures… le rapport est formel : « La capacité de Shein à proposer jusqu'à 50 000 nouveaux articles par jour à prix cassés repose sur l'exploitation systémique d'une main-d'œuvre invisible. » Cette surproduction, livrée aux quatre coins du monde, a également des conséquences écologiques dramatiques.
Malgré tout, Frédéric Merlin, le PDG de la Société des grands magasins (SGM) a annoncé le 1er octobre l'ouverture des six premières boutiques permanentes de la marque en France. Elles sont prévues dans les Galeries Lafayette de Dijon, Grenoble, Reims, Limoges, Angers et au BHV, à Paris. Une décision qui a alarmé les salariés qui dénoncent la mauvaise gestion du magasin depuis sa cession à la SGM fin 2023. Une intersyndicale rassemblant CGT, CFTC, CFE-CGC et Sud-Solidaires a appelé à la grève ce 15/10 et à un rassemblement.
À 15 heures, plusieurs dizaines de salariés se regroupent rue de la Verrerie, derrière le BHV, dans le centre de Paris. Ils ne sont pas les seuls à déplorer ce partenariat avec Shein. La banque des territoires, une entité de la Caisse des dépôts, était en négociation pour racheter les murs du magasin. Elle a mis un terme à ce projet estimant que cette association avec le géant chinois marquait « une rupture de confiance ». Plusieurs élus se joignent également à la mobilisation, parmis lesquels David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l'espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie : « Shein, c'est l'anti-modèle de tout ce que nous voulons pour l'avenir (…) Monsieur Merlin est l'incarnation d'un patron voyou » lance-t-il sous les vivats des salariés. Ian Brossat, sénateur communiste, partage ce constat : « Il y a quelques mois, on a reçu monsieur Merlin (…) Jamais je n’ai entendu un patron parler comme ça à des élus de la République. Alors, je ne peux même pas imaginer de quelle manière ils vous parle à vous [les salariés]. »
Alors que la foule scande joyeusement « Non à Shein au BHV ! », une femme hausse le ton et apostrophe les élus et représentants syndicaux réunis devant le magasin : « Et nous ? Y a pas que Shein, qu'est-ce qu'on va devenir, nous ? » Pour ces travailleuses et travailleurs, l'arrivée de l'enseigne de fast-fashion qui fait aujourd'hui débat n'est qu'un nouveau jalon dans la longue déchéance que connaît le BHV depuis bientôt deux ans.
« On est sur une gestion très chaotique » explique Céline Carlen, secrétaire générale de la CGT commerce. « Frédéric Merlin a une idée à la minute, mais aucune cohérence, aucune stratégie commerciale et aucune expérience. » Depuis sa reprise en main en novembre 2023, le taux de satisfaction client du magasin est tombé à 8 %. Cela s'explique notamment par des retards ou absences de paiement aux fournisseurs qui retirent leur marchandises des rayons. « La SGM s’était engagée au moment de la cession par les galeries Lafayette à ne pas procéder à des licenciements économiques, ni à des ruptures conventionnelles collectives sur une durée de 24 mois. Et pour autant ils ont procédé autrement, c’est-à-dire en faisant craquer les salariés. Et en sous-traitant des pans entiers d’activité. Du coup les effectifs se sont réduits », précise Céline Carlen. Les équipes internes de sécurité mais aussi la maintenance ont notamment été sous-traités. L'intersyndicale estime que 400 postes direct ont été supprimés. En parallèle, les résultats financiers s'aggravent d'année en année. Les salariés s'étaient déjà mis en grève le 4 juillet pour protester contre cette mauvaise gestion.
« Il y a énormément d'inquiétude au boulot » nous confie une salariée, désirant garder l'anonymat, « c'est de pire en pire, cette année l'ambiance à vraiment pris un coup, tout le monde flippe. » Outre l'abandon du partenariat avec Shein, l'intersyndicale demande le paiement de toutes les primes dues au salariés, l'arrêt définitif des suppression d'emplois déguisées, l'intervention des pouvoirs publics pour auditer la gestion de la SGM et l'ouverture de négociations sur une stratégie commerciale viable et le respect des conditions de travail. Et la suite, après cette journée de mobilisation ? L'intersyndicale souhaite répondre d'une seule voix : « On décidera, ensemble. »

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