19 décembre 2017 | Mise à jour le 20 décembre 2017
Un nouveau rassemblement de soutien à Mahamadou Kanté était organisé par la CGT, lundi 18 décembre, devant le dépôt de Paprec La Courneuve. Un an après le licenciement abusif de son représentant syndical CGT, la lutte pour le respect des libertés syndicales ne faiblit pas. Et marque des points.
« Je suis fier d'être un syndicaliste CGT, fier de la solidarité des camarades venus me soutenir aujourd'hui encore et qui se battent avec moi depuis un an pour défendre les libertés syndicales que l'entreprise Paprec (spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets, en Seine-saint-Denis) continue d'attaquer ». Devant la centaine de militants attroupés devant l'entrepôt de Paprec ce lundi 18 décembre, Mahamadou Kanté exprimait sa gratitude. Mais pas que. Un an et 12 jours après avoir été abusivement licencié de l'entreprise qui l'employait avec satisfaction depuis 13 ans, mais qui l'a soudain considéré « très dangereux » dès le jour où il a assumé un mandat syndical CGT, Mahamadou Kanté exprimait aussi un état de conscience nouveau, fruit d'une année de lutte pour les libertés syndicales et contre leur répression : « Je suis face à vous et je vous le dis : je n'ai pas peur. Même si je ne suis pas réintégré à mon poste de travail, la CGT, elle, aura sa place chez Paprec parce que ce sont les salariés, mes collègues, qui le veulent et qui ont demandé un syndicat CGT pour pouvoir améliorer leurs conditions de travail ».
Pas de WC
Pour en témoigner, Stéphane, chauffeur de camion-benne a bravé les menaces à peine voilées de la direction de Paprec. Ce matin même, des affiches ont été déployées partout sur le site pour dénigrer Mahamadou Kanté et par ricochet, dissuader les salariés de participer au rassemblement de soutien à leur collègue. Au micro, Stéphane, salarié de l'entreprise, égrène les conditions de travail que ses collègues cherchent à améliorer depuis des années : « On nous refuse catégoriquement l'installation de vestiaires, nous n'avons pas de WC ni de douches et quand on a terminé le service, on rentre sale à la maison.. ». À ces demandes pourtant élémentaires maintes fois réitérées par les salariés, la direction de Paprec oppose invariablement une réponse du genre « Les portes de l'entreprise ne sont jamais fermées à ceux qui veulent en sortir ».
Fuite en avant
Pour Céline Verzeletti, de la direction de la CGT, la politique de mépris des salariés et de répression antisyndicale CGT, historiquement en vigueur chez Paprec, est désormais mise en échec. « Nous sommes, aujourd'hui encore, unis et mobilisés pour la réintégration de Mahamadou Kanté à son poste, mais aussi pour célébrer une victoire flagrante : la reconnaissance d'éléments forts attestant d'une politique de discrimination et de répression syndicale en vigueur chez Paprec, qui vise à empêcher les salariés d'exercer leur droit élémentaire d'être représentés par un syndicat de leur choix ».
Pour Hervé Ossant, qui représente l'UD, cette « fuite en avant » de la direction de Paprec face au fait syndical révèle une posture anachronique, hors du temps et même contreproductive : « Il va falloir informer les clients de Paprec des conditions de travail infligées à ses 8 000 salariés », prévient le secrétaire général de l'UD-CGT 93. Après avoir refusé les deux demandes successives de l'inspection du travail de réintégrer Mahamadou Kanté à son poste, après avoir porté plainte contre une journaliste de L'Humanité pour un article sur la discrimination syndicale anti-CGT exercée contre Mahamadou Kanté alors que cette politique discriminatoire vient d'être reconnue par le ministère du Travail, la direction de Paprec se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins : poursuivre dans le déni des libertés syndicales ou, enfin, honorer son image de marque d'entreprise innovante, moderne, ouverte à la diversité et qui « ne pratique évidemment pas de discrimination syndicale », ainsi que l'affirmait Sylviane Troadec, directrice générale adjointe des ressources humaines, dans un mail du 6 janvier 2017 adressé à la NVO.