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Accidents du travail

Quand le travail nuit à la santé

30 octobre 2025 | Mise à jour le 30 octobre 2025
Par | Photo(s) : Enzo Hanart
Quand le travail nuit à la santé

200 travailleurs des secteurs de la construction, du bâtiment sont venus participer à ces trois jours de débats sur la santé au travail organisés au siège de la CGT à Montreuil.

Du 28 au 30 octobre, la Fédération nationale des salariés de la construction, du bois et de l'ameublement (FNSCBA-CGT) organise ses journées revendicatives pour la santé au travail. Environ 200 professionnels de ce secteur, l'un des plus touchés par les accidents du travail selon la Sécurité sociale, ont échangé sur les risques chimiques, la pénibilité et la sous-déclaration

« Merci d'être aussi nombreux, le nombre de participants ne décroit pas au fil des ans » s'est réjoui en préambule Frédéric Mau du Bureau fédéral de la FNSCBA-CGT, devant une audience joyeuse malgré le sujet du jour. « Nous sommes multi-exposés : ports de charges lourdes, postures pénibles, expositions aux risques chimiques sans équipement de protection individuelle (…) Et dorénavant, nous avons encaissé un climat de plus en plus hostile, tant sur les amplitudes de température que sur les aléas météo. » Le lundi 20 octobre dernier, un jeune homme de 23 ans est mort sur un chantier dans le Val d'Oise alors qu'une tornade a renversé murs et préfabriqués.

Sophie Binet, présente à l’ouverture de l’événement, a évoqué diverses mesures qui seront discutées lors du prochain congrès confédéral en juin 2026, parmi lesquelles la création d'un observatoire national des morts au travail, « pour montrer que non, il ne s'agit pas de faits divers, mais de morts évitables causées par les stratégies de rentabilité patronales. » Elle a aussi rappelé l'urgence d'abroger la réforme des retraites et de proposer un départ à 55 ans pour les métiers les plus pénibles.

Une sous-déclaration massive des accidents

Les risques chimiques constituaient le fil rouge de ces journées. Un problème sous-évalué dans le secteur du bâtiment, selon Clothilde Ollier du Groupe 3E qui animait une formation sur le sujet : « 2 millions de salariés dans le secteur du bâtiment, et zéro déclaration d'accident du travail lié aux risques chimiques : il y a de la sous-déclaration c'est évident. Ça vient certainement de la difficulté de faire reconnaître ce risque. » Pendant sa prise de parole, cette ancienne infirmière a décrypté le cheminement à suivre pour faire reconnaître une exposition aux risques chimiques. Outre la mise en danger des salariés, la sous-déclaration est également un problème économique pour la Sécurité sociale : « Toutes les maladies professionnelles qu’on ne déclare pas dans la caisse des employeurs, qui est-ce qui les paye ? C’est nous. »

Pour cette raison, le FNSCBA propose également de modifier le terme de risques psychosociaux. « Pour le patronat, les risques psychosociaux c'est comme les suicides : plurifactoriels. Ils estiment que ce n'est forcément leur responsabilité » explique Frédéric Mau, « Nous, on propose le terme plus précis de risque organisationnel et managérial. »

Des témoignages alarmants

Icham, salarié dans une usine de chaux des Bouches-du-Rhône et secrétaire de son syndicat, donne des précisions sur le phénomène de sous-déclaration : « Chez nous, on sait comment ça se passe. T'as un accident, on te dit « reste à la maison quinze jours, tu me ramèneras tes factures de médocs’ et on s'arrange ». C'est aussi ça la réalité. »

Éric Bego, secrétaire de l'USCBA 44 (Loire Atlantique), attire, lui, l'attention sur les risques de contamination radioactives au radon, qui peut causer notamment des cancers du poumon. « Dans nos locaux on a un sous-sol exposé… Or plus la salle est confinée, plus les risques augmentent. Et c'est comme l’amiante ; on n'en mourra pas tout de suite, mais sûrement dans 20 ans. » Clothilde Ollier rappelle l'importance de conserver ses dossiers médicaux ainsi que de consulter les documents uniques d’évaluation des risques professionnels (DUERP) établis par les employeurs, et de signaler s'ils sont insatisfaisants ou inexacts.

La CGT appelle les travailleurs du BTP à se joindre à la mobilisation pour les retraites prévue le 6 novembre, ainsi qu'à la création d'une journée mondiale de commémoration des travailleuses et travailleurs morts ou blessés au travail, le 28 avril.