À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
Hotellerie-café-restauration

Mobilisation contre la précarité et la discrimination syndicale

6 novembre 2025 | Mise à jour le 6 novembre 2025
Par | Photo(s) : Enzo Hanart
Mobilisation contre la précarité et la discrimination syndicale

Pascal Zoublir, conseiller fédéral de la CGT Commerces et services, prend la parole lors de la mobilisation des salariés du secteur Hotellerie-Café-Restauration, le 5 novembre à Paris.

Le 5 novembre, la CGT Commerces et services a appelé les salariés de l'hôtellerie, des cafés et de la restauration (HCR) à la grève pour demander de meilleurs salaires et conditions de travail. À Paris, un rassemblement a eu lieu place de la Concorde, notamment pour soutenir le délégué syndical CGT de l'hôtel de Crillon Nourdine Seddik, victime de discrimination syndicale.

« Bien souvent, vous avez affaire à des standardistes, des cuisiniers, des serveurs, des femmes de chambre qui ont toujours le sourire » lance Pascal Zoublir, conseiller fédéral de la CGT Commerces et service, « mais, derrière ce sourire, il y a beaucoup de souffrance. » Plusieurs dizaines de militants se sont mobilisés ce mercredi sur la place de la Concorde, à Paris. Les conditions de travail et la rémunération sont au cœur des revendications pour ces métiers souvent précaires et sous pression : augmentation des salaires à 2 000 euros net minimum, reconnaissance et valorisation de la pénibilité des emplois, la fin des sous-effectifs ou encore la rémunération de toutes les heures supplémentaires « cachées ». « Les camarades qui habitent loin des établissements où ils travaillent ne peuvent pas rentrer chez eux pendant leur coupure ; ils sont donc disponibles sur leur lieu de travail sans être rémunérés » précise Pascal Zoublir.

« Moi, j'ai à peine 30 ans et je suis cassé de partout parce que je travaille depuis que j’ai 17 ans dans la restauration » déplore Giorgio, membre du collectif MEP qui défend les intérêts des salariés HCR des TPE où il n'y a pas forcément de délégué syndical. « Il y a ce mythe du patron sans le sou dans la restauration, mais beaucoup de petites structures appartiennent à des grands groupes. Pourtant, dans notre secteur, le droit du travail n'est pas appliqué, c'est un désert. On est dans un secteur qui emploie presque 2 millions de personnes (…) on doit se mobiliser et surtout soutenir nos collègues sans-papiers qui sont très durement touchés par les circulaires Retailleau [qui durcissent les conditions de régularisation pour les travailleurs sans-papiers, ndlr]. »

Contre la discrimination syndicale…

Alors que les slogans « Quand il faut y aller, CGT est là » retentissent joyeusement, des klaxons complices d'automobilistes se joignent à la scansion. De l'autre côté de la rue, l'hôtel de Crillon, palace repris par la société américaine Rosewood Hotel Group en 2013 et où la CGT est majoritaire depuis 1997. « Même si c'est très beau en apparence, il se passe les mêmes saloperies à l'intérieur que dans un autre petit hôtel 2 étoiles » affirme Nourdine Seddik, délégué syndical CGT dans l'établissement.« Les sous-effectifs, travailler pour deux ou trois personnes, c'est normal. Les stagiaires qui remplacent des CDI, font des heures supplémentaires et des burnout, c'est normal aussi. » Tous les salariés doivent également payer une taxe dite « qualité » de 1 € sur chaque repas.

Ce voiturier aux 18 ans d’ancienneté dans l'hôtel a participé à obtenir plusieurs avancées pour les travailleurs telles que la suppression des coupures ou le maintien des femmes de chambre en CDI : « Rosewood Hotel Group a voulu sous-traiter tout le département des femmes de chambres. On a réussi à s’opposer. » Nourdine Seddik a été mis à pied et menacé de licenciement par sa direction au printemps dernier, pour des suspicions de vol et de pressions psychologiques. « L’inspection du travail a fait un boulot extraordinaire. Elle est venue au sein de l’hôtel mener son enquête. Pendant trois jours, elle a interrogé tous les salariés concernés (…) puis dénoncé un stratagème de la direction et reconnu qu'il s'agissait de discrimination syndicale. » Nourdine Seddik a été réintégré fin août. L’inspection du travail a également dénoncé une vidéosurveillance non-justifiée.

… l'unité !

Kandé Tounkara, déléguée syndicale à la CGT Hôtels de prestige et économiques (HPE) qui avait participé en 2024 à la grève victorieuse de neuf mois du personnel des hôtels Campanile et Première Classe de Suresnes (92), insiste sur l'importance de l'unité syndicale face aux tentatives de répression dans leur branche. « Si on a réussi à tenir neuf mois, c’est grâce à la solidarité de tous les camarades. » Elle et ses collègues avaient notamment obtenu la titularisation en CDI des emplois précaire ainsi qu'un suivi régulier par la médecine du travail. « Quand un camarade souffre, il faut le soutenir. Quand il y a le feu chez tes voisins, il faut les aider à éteindre » déclare-t-elle, « si on ne s’unit pas, on ne va jamais s’en sortir. »

La CGT Commerce et services appelle à une nouvelle journée de mobilisation le 3 décembre.