Mobilisation contre la précarité et la discrimination syndicale

Pascal Zoublir, conseiller fédéral de la CGT Commerces et services, prend la parole lors de la mobilisation des salariés du secteur Hotellerie-Café-Restauration, le 5 novembre à Paris.
« Bien souvent, vous avez affaire à des standardistes, des cuisiniers, des serveurs, des femmes de chambre qui ont toujours le sourire » lance Pascal Zoublir, conseiller fédéral de la CGT Commerces et service, « mais, derrière ce sourire, il y a beaucoup de souffrance. » Plusieurs dizaines de militants se sont mobilisés ce mercredi sur la place de la Concorde, à Paris. Les conditions de travail et la rémunération sont au cœur des revendications pour ces métiers souvent précaires et sous pression : augmentation des salaires à 2 000 euros net minimum, reconnaissance et valorisation de la pénibilité des emplois, la fin des sous-effectifs ou encore la rémunération de toutes les heures supplémentaires « cachées ». « Les camarades qui habitent loin des établissements où ils travaillent ne peuvent pas rentrer chez eux pendant leur coupure ; ils sont donc disponibles sur leur lieu de travail sans être rémunérés » précise Pascal Zoublir.
« Moi, j'ai à peine 30 ans et je suis cassé de partout parce que je travaille depuis que j’ai 17 ans dans la restauration » déplore Giorgio, membre du collectif MEP qui défend les intérêts des salariés HCR des TPE où il n'y a pas forcément de délégué syndical. « Il y a ce mythe du patron sans le sou dans la restauration, mais beaucoup de petites structures appartiennent à des grands groupes. Pourtant, dans notre secteur, le droit du travail n'est pas appliqué, c'est un désert. On est dans un secteur qui emploie presque 2 millions de personnes (…) on doit se mobiliser et surtout soutenir nos collègues sans-papiers qui sont très durement touchés par les circulaires Retailleau [qui durcissent les conditions de régularisation pour les travailleurs sans-papiers, ndlr]. »
Contre la discrimination syndicale…
Alors que les slogans « Quand il faut y aller, CGT est là » retentissent joyeusement, des klaxons complices d'automobilistes se joignent à la scansion. De l'autre côté de la rue, l'hôtel de Crillon, palace repris par la société américaine Rosewood Hotel Group en 2013 et où la CGT est majoritaire depuis 1997. « Même si c'est très beau en apparence, il se passe les mêmes saloperies à l'intérieur que dans un autre petit hôtel 2 étoiles » affirme Nourdine Seddik, délégué syndical CGT dans l'établissement.« Les sous-effectifs, travailler pour deux ou trois personnes, c'est normal. Les stagiaires qui remplacent des CDI, font des heures supplémentaires et des burnout, c'est normal aussi. » Tous les salariés doivent également payer une taxe dite « qualité » de 1 € sur chaque repas.
Ce voiturier aux 18 ans d’ancienneté dans l'hôtel a participé à obtenir plusieurs avancées pour les travailleurs telles que la suppression des coupures ou le maintien des femmes de chambre en CDI : « Rosewood Hotel Group a voulu sous-traiter tout le département des femmes de chambres. On a réussi à s’opposer. » Nourdine Seddik a été mis à pied et menacé de licenciement par sa direction au printemps dernier, pour des suspicions de vol et de pressions psychologiques. « L’inspection du travail a fait un boulot extraordinaire. Elle est venue au sein de l’hôtel mener son enquête. Pendant trois jours, elle a interrogé tous les salariés concernés (…) puis dénoncé un stratagème de la direction et reconnu qu'il s'agissait de discrimination syndicale. » Nourdine Seddik a été réintégré fin août. L’inspection du travail a également dénoncé une vidéosurveillance non-justifiée.
… l'unité !
Kandé Tounkara, déléguée syndicale à la CGT Hôtels de prestige et économiques (HPE) qui avait participé en 2024 à la grève victorieuse de neuf mois du personnel des hôtels Campanile et Première Classe de Suresnes (92), insiste sur l'importance de l'unité syndicale face aux tentatives de répression dans leur branche. « Si on a réussi à tenir neuf mois, c’est grâce à la solidarité de tous les camarades. » Elle et ses collègues avaient notamment obtenu la titularisation en CDI des emplois précaire ainsi qu'un suivi régulier par la médecine du travail. « Quand un camarade souffre, il faut le soutenir. Quand il y a le feu chez tes voisins, il faut les aider à éteindre » déclare-t-elle, « si on ne s’unit pas, on ne va jamais s’en sortir. »
La CGT Commerce et services appelle à une nouvelle journée de mobilisation le 3 décembre.