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Loi Travail 2

« Fainéants » très mobilisés et prêts à remettre ça

12 septembre 2017 | Mise à jour le 13 septembre 2017
Par et | Photo(s) : Bapoushoo
« Fainéants » très mobilisés et prêts à remettre ça

Manifestation contre la " Loi Travail XXL " à Paris le 12 sept 2017

La première mobilisation de la rentrée contre les ordonnances de réforme du Code du travail à l'appel de la CGT, Solidaires, la FSU, l'UNEF et l'Unl a rassemblé plus de 200 000 personnes dans pas moins de 180 cortèges partout dans l'Hexagone. On a recensé quelque 4000 appels à la grève. Le 21 septembre, la CGT appelle à un nouveau temps fort.

« C'est une première qui s'annonce réussie », s'est félicité le secrétaire général de la CGT, qui au départ du cortège parisien évoquait « la très forte mobilisation déjà en province. À midi on était plus de 100 000 (…) Ça fait la démonstration du fort mécontentement, confirmé par les sondages ». À Paris, de la Bastille à la place d'Italie, 60 000 personnes ont défilé dans une ambiance festive précédées d'une fanfare animée par des forains, certains déguisés en clowns, venus rejoindre les manifestants pour défendre leur profession.

À Marseille, les syndicats ont annoncé 60 000 manifestants. À Rennes. Ils étaient 10.000 et à Bordeaux 12 000. À Nice, la CGT a salué une mobilisation comme la ville n'en a pas connu depuis 2006 et la contestation du contrat première embauche. À Saint-Nazaire, le cortège a rassemblé des salariés des chantiers navals STX France, d'Airbus, de la SNCF, mais aussi d'entreprises privées et de lycéens, scandant à l'adresse du chef de l'État : « On n'est ni des fainéants, ni des cyniques, ni des extrémistes ». Selon la CGT, la mobilisation est plus importante dans cette ville que lors du premier rassemblement contre la loi travail au printemps 2016. La journée était aussi marquée par des arrêts de travail, avec des perturbations dans les transports notamment à Nice, où aucun bus et aucun tram ne circulait, en Île-de-France ou en Champagne-Ardenne, ainsi que pour le trafic trans-Manche entre Calais et Douvres.

La tour Eiffel est restée ouverte à la visite, mais seulement jusqu'au deuxième étage, une partie du personnel étant en grève.

Plusieurs lycées de Paris et de sa banlieue ont été partiellement ou momentanément bloqués par des élèves. La CGT avait recensé quelque 4000 appels à la grève dans les entreprises, du privé, comme dans les services publics.

Étudiants et lycéens dans les cortèges

Alors que s'effectue la rentrée universitaire, la participation des organisations de jeunesse est une donnée importante de cette journée. Dans un communiqué commun avec des associations et mouvements, ces dernières estiment que « les mesures contenues dans le projet d'ordonnances vont, bien entendu, fragiliser en premier lieu les plus précaires, et parmi eux les jeunes, déjà en première ligne des attaques que subit le monde du travail depuis des années ».

À la réforme du Code du travail « s'ajoute à toute une série de mesures annoncées par le gouvernement : la mise en place de la sélection à l'entrée de l'université par le biais de prérequis, des coupes budgétaires de 331 millions d'euros pour les universités, la baisse des APL, et une réforme du bac généralisant le contrôle continu », déplorent ensemble l'UNEF, Solidaires Etudiant-e-s, le SGL (Syndicat général des lycéens), l'UNL (Union nationale lycéenne), le Mouvement jeunes communistes, les Jeunes écologistes, les Jeunes socialistes, le NPA Jeune, le Réseau jeune du Parti de gauche, la Jeunesse ouvrière chrétienne, Osez le féminisme, le CLAP (Collectif des livreurs autonomes de Paris)..

Les convergences se construisent sur le terrain

Depuis plusieurs jours, les commentaires et les oracles pariaient sur une extinction de voix du mouvement syndical, il est vrai moins largement uni qu'en 2016 contre la loi El Khomri. Si la confédération FO ne s'associait pas à cette journée d'action, contrairement à la loi travail en 2016, une partie de ses militants ont décidé de défiler et plusieurs dizaines de ses unions départementales et fédérations (transports, Énergie, Chimie notamment) avaient appelé aux manifestations. Tout comme certaines sections CFDT, CGC, CFTC ou Unsa. Invité à commenter la participation de militants CFDT à journée, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger a déclaré : « On n'a pas besoin de faire une démonstration de faiblesse », préférant agir pour « faire évoluer les décrets ».

Le gouvernement joue la fermeté

Quant au gouvernement et aux parlementaires de REM, ils courent les plateaux de télé pour tenir un discours de fermeté tout en jurant que le qualificatif de « fainéants » ne s'adressait pas aux Français. « Nous tiendrons », a lancé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, quand Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a prétendu que « le débat social ne se mesure pas seulement à la rue et à la manifestation » « On vit cette journée sereinement, mais on reste attentifs. On est sûrs qu'on va dans le bon sens », a déclaré Cendra Motin, vice-présidente de l'Assemblée selon laquelle il n'y a « pas de raison de revenir de manière essentielle sur le texte », mais il est « important d'entendre la crainte qui va être exprimée ». La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a estimé quant à elle que le pays était « mûr pour inventer une flexisécurité à la française ».

La CGT a déjà appelé à une autre mobilisation, le 21 septembre, à la veille de la présentation du projet en Conseil des ministres.