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Automobile

GM&S : Les salariés concentrent la lutte envers les constructeurs

21 février 2017 | Mise à jour le 21 février 2017
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GM&S : Les salariés concentrent la lutte envers les constructeurs

Chez GM&S La Souterraine (Creuse), les actions se multiplient depuis six mois pour le maintien et la pérennisation du site avec ses 283 salariés. La reprise du sous-traitant automobile dépend des décisions des constructeurs Renault et PSA.

C'est l'un des témoignages forts des assises CGT de l'automobile qui se déroulaient les 7 et 8 février à Montreuil. Vincent Labrousse, délégué CGT du site GM&S à La Souterraine (Creuse) et membre de la direction de la FTM CGT, revient sur les mois d'une lutte exemplaire actuellement en cours dans la Creuse, et qui est vitale pour le bassin d'emploi : « Si nous n'avions rien fait, la boîte serait liquidée… C'est effectivement une mobilisation d'environ 250 salariés sur 283, de l'ouvrier au cadre, qui a fait que les lignes bougent. »

GM&S est un sous-traitant automobile qui fabrique notamment des pièces de maintien de carrosserie, des carters d'huile, des colonnes de direction, etc. Le 27 janvier dernier, le tribunal de commerce de Poitiers devait décider de la poursuite ou de la liquidation de l'entreprise, mise à mal par une baisse des commandes de ses principaux clients, les constructeurs PSA et Renault, mais aussi par une série d'opérations de cession désastreuses depuis une dizaine d'années. C'est ainsi que depuis 2006, le site s'est appelé successivement Wagon, Sonas, Altia et maintenant GM&S.

Parmi ces repreneurs à répétition, Altia se distingue par sa prédation hors norme. S'étant porté acquéreur du site par un LBO (achat par effet de levier, dans lequel le coût est supporté par l’entreprise rachetée), et tout en bénéficiant de quelque 18 millions d'aides publiques, il avait élaboré un montage financier tel que le site se prêtait son propre argent… « Ils ont pompé la trésorerie », s'insurge Vincent Labrousse. Une plainte est actuellement en cours d'instruction pour détournement de fonds, plainte pour laquelle la Banque publique d'investissement (BPI) s'est portée partie civile.

Pour l'heure, l'entreprise vit sous l'épée de Damoclès. Le tribunal de commerce n'a pas prononcé la liquidation de GM&S, mais une période d'observation est décidée jusqu'en mai, avec comme échéance intermédiaire une évaluation le 17 mars. Un autre élément de soulagement temporaire est venu de la BPI, qui a accordé 1,7 million d'euros afin de financer cette période d'observation.

La CGT va poursuivre la bataille

Au cours de ces dernières semaines, les salariés de GM&S ont multiplié les initiatives : opérations escargots sur l'autoroute A20, actions aux portes des sites de PSA et Renault, mais aussi visite des concessionnaires de ces enseignes à Limoges, venue du secrétaire général de la CGT…

La mobilisation des salariés est massive et permanente. Elle s'opère aussi de concert entre le syndicat majoritaire (CGT) et le syndicat minoritaire (FO). Cependant, c'est le réseau CGT, notamment dans l'automobile, qui est déterminant dans cette lutte. La CGT GM&S le souligne : « Cette mobilisation n'a été possible que par un travail interne avec les camarades des différentes structures de la CGT, les syndicats des donneurs d'ordres et ceux d'autres équipementiers qui nous ont confirmé qu'il y avait beaucoup de travail dans notre secteur d'activité. » Autrement dit, la solidarité et les échanges entre les syndicats CGT des différentes entreprises ont permis d'établir que l'insuffisance de commandes des donneurs d'ordres n'était pas tant liée à une baisse du marché qu'à leur volonté de produire sur d'autres sites. Ainsi, le syndicat CGT affirme avoir la preuve que certaines pièces identiques sont fabriquées ailleurs, notamment en Turquie.

Au cours de ces prochaines semaines, il faut s'attendre à de nouvelles actions des salariés de GM&S envers les constructeurs. Les syndicats CGT de PSA et de Renault sont d'ores aux côtés de leurs camarades de La Souterraine. Sans doute auront-ils aussi des comptes à demander à leurs directions respectives, tant sur l'utilisation des fonds publics que sur leurs responsabilités vis-à-vis des équipementiers.