
Quel avenir pour l'usine Stellantis à Poissy ?
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Les salariés d'Outinord se battent depuis avril 2025 pour éviter la fermeture de leur entreprise. Saint-Amand-les-Eaux.
« J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer, pour une fois… L'homologation du PSE [plan de sauvegarde de l'emploi, NDLR] chez Outinord a été refusé par l'administration, ce qui n'arrive pratiquement jamais ! » Ce jeudi 2 octobre, sur la place d'Armes de Valenciennes (Nord), juste avant que démarre la manifestation intersyndicale dans le cadre de la journée nationale de mobilisation, Ludovic Bouvier, responsable de la CGT Métallurgie pour le Hainaut, l'Avesnois et le Cambrésis, ne boude pas son plaisir. Il vante le « combat exemplaire des salariés, qui peut servir à tous les travailleurs du pays en lutte ». La lutte a démarré mi-avril à l'initiative de la CGT, seul syndicat présent chez ce fabricant de coffrages à béton pour chantiers, installé à Saint-Amand-les-Eaux.
Pour le soixante-dixième anniversaire de l'entreprise, les salariés avaient eu droit à un cadeau empoisonné : l'annonce d'un plan de 126 suppressions de postes, dont sept vacants depuis un moment, sur un effectif de 142 salariés (lire ici). La direction de la maison-mère, Skena Group, compte une autre usine, Sateco, dans la Vienne, dont la taille et l'activité sont similaires à celles de Saint-Amand. Pour justifier son plan qui ne vise qu'Outinord, elle argue de la chute d'activité dans le bâtiment et de pertes enregistrées sur le site nordiste. Elle ajoute que « Sateco a été modernisé avant son rachat par Skena [en 2019], ce qui n'est pas la cas d'Outinord », repris par Skena en 2021.
La direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) des Hauts-de-France justifie son refus d'homologation du 30 septembre par le fait « que les informations transmises au CSE [d'Outinord] apparaissent insuffisantes afin que celui-ci ait pu rendre un avis éclairé » sur le plan de licenciements. Plus précisément, il est reproché à Skena Group de ne pas avoir fourni certains documents au cabinet d'expertise UCS, désigné par le comité social et économique (CSE).
Dans un communiqué publié le lendemain du refus d'homologation, Skena Group semble n'y voir qu'une péripétie : « La direction s'est engagée à présenter l'ensemble des documents demandés par la Dreets – à savoir les procès-verbaux d'assemblée générale sur l'approbation des comptes, sachant que les comptes audités et certifiés avaient déjà été transmis – et à les fournir à l'administration du travail. La direction [de Skena Group] est confiante dans l'homologation prochaine du PSE. »
Le même jour, un point de situation réalisé par la CGT avec les salariés, devant les grilles de l'usine, amène une analyse différente. « Vos emplois sont sauvés pour l'instant, lance Me Alexandre Barège, l'avocat du CSE. La direction doit maintenant vous fournir du travail, car cela constitue une obligation fondamentale pour un employeur. » « Cela fait presque six mois que nous sommes sur ce dossier et à ce jour, l'intégralité des documents ne nous sont toujours pas parvenus », souligne de son côté Isabelle Bosseman, du cabinet lillois UCS, désigné par le CSE pour une expertise sur la situation économique et financière de l'entreprise et du groupe.
La non-transmission de documents à UCS a d'ailleurs déjà fait l'objet, fin août, d'une condamnation de Skena par le tribunal de Valenciennes. Car la lutte des Outinord a également pris le chemin des prétoires (lire ici). Une autre action en justice a été lancée concernant une cession des titres de Skena, annoncée en plein PSE. L'actuel actionnaire, le fonds de placement Equistone, souhaite en effet céder ses actions à ses créanciers, les fonds Axa et LGT. Le tribunal de Valenciennes doit se prononcer sur ce volet le 7 octobre.
Dans la manifestation valenciennoise du 2 octobre, David Liégeois, secrétaire CGT du CSE de l'usine, lance : « Croyez-moi, on finira pas gagner ! » Car, derrière la banderole « Outinord, non à la fermeture ! », ses collègues Cédric Fournier et Serge Cuvelier savent que le combat n'est pas encore terminé. « Il nous reste une commande pour les Etats-Unis à finaliser la semaine prochaine », confient-ils et, pour la suite, le directeur de l'usine nordiste n'évoque rien pour le moment. Tous deux estiment par ailleurs que le site aurait besoin d'un plan d'investissement : « On ne fait plus de maintenance préventive [des machines], que du curatif. Sur les trois lasers de découpe, deux sont constamment en panne, les robots ne sont pas entretenus… »
Devant l'absence manifeste de volonté du groupe de maintenir une activité de production à Saint-Amand, le maire de la commune et secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, lance un appel aux potentiels investisseurs : « Manifestez-vous maintenant pour reprendre une marque reconnue mondialement et maintenir l'activité ici ! » Il évoque même une association avec des groupes de BTP clients d'Outinord, comme Eiffage, Bouygues, Vinci ou Ramery.

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