Nouvelle journée interprofessionnelle le 19 octobre

En cette nouvelle semaine de mobilisation sociale, les sondages confirment le rejet majoritaire, par les salariés et l’ensemble de la société, des ordonnances d’Emmanuel Macron réformant le Code du travail. Ainsi, près des deux tiers (65%) des personnes interrogées à l’occasion d’un sondage (Harris Interactive pour LCP) publié lundi 9 octobre s'y déclarent opposées. Elles étaient 58% selon le précédent sondage du même institut publié le 1^er septembre.
63% (+9%) estiment que cette réforme va détériorer leurs conditions de travail, et 76% (+5%) qu’elle va réduire les capacités d’action des syndicats. Seuls 29% des sondés croient encore qu’elle va permettre de réduire le chômage (–2 %).

Soutien croissant à la mobilisation

Les citoyens soutiennent aussi davantage les grèves et les manifestations contre les ordonnances. C'est le cas de près de six Français sur dix (57%, soit quatre points de plus qu'un mois plus tôt). Car si les ordonnances sont bel et bien publiées au Journal Officiel, la ratification parlementaire n'a pas eu lieu, et il reste plusieurs semaines pour faire bouger les lignes par la pression populaire.

Constats communs

C'est dans ce contexte, et en mettant en lumière les critiques et analyses convergentes des confédérations syndicales sur les dangers des ordonnances, que la CGT avait invité toutes ces organisations, dont l'Unef, à une rencontre unitaire. En jeu, d’une part, un débat sur ces ordonnances et, plus largement, la situation sociale du pays qui sera encore aggravée par les  réformes en préparation  (Unedic, retraites, protection sociale…). Et d’autre part un échange sur les stratégies possibles d'action unitaire. En clair : permettre l'expression des mécontentements et de propositions alternatives, et décider des moyens de se faire entendre, dans l'unité la plus large. Un souhait partagé par d'autres, comme la CFE-CGC.
Lundi 9 octobre au soir, toutes les organisations syndicales ont répondu présent. Quelque deux heures d'échange ont permis de confirmer la convergence d'analyses quant aux ordonnances et à leur dangerosité, tant pour les droits des salariés (mise en place des contrats de mission, plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif…) que pour les atteintes aux capacités d'intervention des syndicats (regroupement des IRP en une seule instance, accord dans les petites entreprises en l'absence de toute représentation syndicale…). La dénonciation de la politique sociale et économique du gouvernement est également unanime, commente la CGT.

Divergences d'appréciation stratégique

En revanche les appréciations divergent quant à la stratégie. Alors que la CGT et Solidaires ont proposé une action interprofessionnelle dès avant les vacances de la Toussaint, avec une suite envisageable pour mi-novembre, la CFDT et FO n'y sont pas favorables. FO, dont la direction a été mandatée par un CCN ultra-majoritaire pour envisager l'action la plus large et unitaire possible contre les ordonnances, juge que mobiliser avant la Toussaint n'est guère faisable. Pour la CFDT, les ordonnances ayant été adoptées, il s'agit surtout d'intervenir sur la rédaction des décrets d'application. Quant aux réformes à venir, la centrale de Laurent Berger préfère attendre les rencontres bilatérales prévues les 12 et 13 octobre avec l’exécutif. Aucune action commune nationale n'a donc pu être décidée.

Nouvelle journée d'action le 19 octobre

Pour la CGT, impossible d'en rester là. D'une part, elle a décidé d'une nouvelle journée d'action nationale interprofessionnelle le 19 octobre prochain. Sud-Solidaires et les organisations de jeunesse y appellent également.
Nombre de fédérations FO et de syndicats CFDT étaient eux aussi présents dans les cortèges lors des deux précédentes journées de grève et de manifestations (12 et 21 septembre), plusieurs secteurs mobilisent dans l'unité totale – comme les retraités, les routiers, ou encore les agents des services publics ce mardi 10 octobre. Les militants de la CGT sont invités à poursuivre et intensifier les débats avec les salariés dans les entreprises, les territoires, pour les inviter à se rassembler et pour construire l'unité la plus large.
D'autre part, la confédération de Montreuil poursuit sa démarche unitaire. Une prochaine rencontre intersyndicale est prévue le 24 octobre.