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Tourisme

Les salariés de TUI se mobilisent après l’annonce du PSE

18 août 2020 | Mise à jour le 20 août 2020
Par | Photo(s) : Peter Steffen / AFP
Les salariés de TUI se mobilisent après l’annonce du PSE

Après l'annonce par le leader mondial du tourisme, TUI, d'un PSE qui supprimera près de 600 emplois, les salariés se mobilisent derrière l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE-CGC pour améliorer leurs conditions de départ. Entretien avec Lazare Razkallah, secrétaire du CSE de TUI France.
Lors du comité social et économique (CSE) du 17 juin dernier, TUI France annonçait une réorganisation prévoyant la suppression de près de 600 postes au total.
Quelle est la stratégie de TUI derrière cette annonce ?

L'idée est de rendre jolie la mariée TUI pour la marier à un partenaire. Notre direction pense que le modèle des Tours Operators ne permet pas de dégager suffisamment de marges. C'est la raison pour laquelle – après avoir fermé nombre d'agences en 2013- se défaire de ses 65 points de vente restants et s'adosser à un grand réseau d'agences pour distribuer les produits TUI (comme Nouvelles frontières, Marmara, Lookéa) à moindre coûts.

Le groupe Marietton qui possède Sélectour (100 000 agents) et Havas Voyages serait intéressé… Nous avions déjà craint cette manœuvre l'année dernière mais la chute de Thomas Cook avait rebattu les cartes et TUI s'était remplumé ce qui avait permis de temporiser.

La crise sanitaire a servi de prétexte idéal pour mettre à exécution leur projet, avec à la clé, le plus gros plan social hors industrie dans le contexte post-confinement.

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Depuis l'annonce du PSE, que s'est-il passé ?

Nous sommes dans l’impasse. La direction française, par la voix de son PDG qui est au Maroc, nous dit qu'elle ne dispose d'aucune marge de manœuvre pour négocier, qu'il fallait s'adresser à l'actionnaire. On a écrit au Pdg, qui nous a renvoyé vers notre direction française en précisant que TUI n'avait pas les moyens de financer d'indemnités supra-légales.

A l’appel de l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT, FO, nous avons donc décidé d’aller occuper le siège de TUI Western Region qui se trouve à Zaventem, près de l'aéroport de Bruxelles, le 23 juillet. Nous étions une petite cinquantaine de salariés (dont certains de TUI Belgique dont le plan vise à sabrer un tiers des 2500 salariés) et de syndicalistes à essayer de se faire entendre. Les forces de l'ordre qui nous ont accueillis étaient presque plus nombreuses que les manifestants.

Le lendemain, nous avons tenu un CSE avec la direction France dans un climat très tendu. Nous avons donc demandé à ce qu'un médiateur extérieur soit nommé pour négocier le PSE. TUI France a reçu 100 millions d'euros pour financer le plan et poursuivre l'activité pendant 3 ans mais la direction refuse de nous dire cet argent va être ventilé. Or, dans le même temps, leurs propositions du PSE sont en deçà de la loi.

C'est par exemple le cas des congés de reclassement qui sont de huit mois alors qu'après un licenciement, le CSP contrat sécurité professionnelle, en prévoit 12.

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Le 31 juillet, vous étiez reçus au ministère du Travail, comment ça s'est passé ?

Sur la forme, nous avons dénoncé le non-respect des procédures d'information du CSE. Sur le fond, nous avons pointé les insuffisances du volet social du PSE : les congés de reclassement de 8 mois pour les moins de 50 ans et de 12 mois pour les plus de 50 ans sans maintien du salaire ; le budget de formation et de création d'entreprises très faibles. Nous avons également dénoncé le fait que TUI avait touché de l'argent public alors que l’entreprise lance un PSE, que la filiale française a perçu 10 millions d'euros au titre du CICE.

Et puis il y a une délocalisation en cours puisque plusieurs activités sont transférées au Maroc (suivis de ventes, service après-vente, service à destination, service de saisie informatique) impactant environ 300 emplois… On leur a également signalé que des salariés avaient travaillé alors qu'ils étaient en chômage partiel durant le confinement.

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Comment envisagez-vous la suite ?

Nous avons prévu de nous remobiliser le 8 septembre devant le siège social de TUI France à Levallois, puis d’aller manifester le 10 septembre à Bruxelles pour faire du bruit et établir un rapport de force. Avec le PSE actuel, un salarié ayant un salaire de 2000 euros bruts et 15 ans d'ancienneté partira avec 8 000 euros. Les salariés refusent ces conditions, ils veulent plus.

Mais nous n'avons plus confiance dans le ministère ni dans la Direccte pour jouer le rôle de médiateur car d'expérience – nous avons perdu 2000 emplois depuis 2012 – et géré plusieurs PSE avec les autorités qui ont penché du côté de l'employeur. Nous revendiquons une indemnité supra-légale, c'est-à-dire un mois d'indemnité par année d'ancienneté, un congé de reclassement de 18 mois pour les salariés de plus de 50 ans et de 12 mois pour les moins de 50 ans avec maintien du salaire, un budget de formation de 20 000 euros par salarié (10 000 euros proposés par la direction) et de 15 000 euros pour ceux qui auraient un projet de création d'entreprise (10 000 euros proposés par la direction).