Sophie Binet : « Nous travaillons à une rentrée offensive »
La secrétaire générale de la CGT revient sur la séquence politique inédite traversée par le pays depuis les législatives et insiste sur la nécessité de changer de... Lire la suite
Outre la réforme des retraites qui s'applique à marche forcée à partir du 1er septembre+ – et dont l'intersyndicale n'a pas tourné la page – les sujets qui fâchent ne manquent pas en cette rentrée : contraintes financières intenables imposées à l'assurance chômage ; augmentation des franchises médicales ; instauration d'un nouveau revenu de référence, le « montant net social », qui va pénaliser nombre de bénéficiaires de la prime d'activité et du RSA (6 millions de personnes précaires, selon la CGT) ; pouvoir d'achat gangréné par l'inflation ; inaction face au réchauffement climatique ; etc. Pourtant, en dépit des inquiétudes et de la colère qui s'expriment dans le pays, le gouvernement poursuit sa politique néolibérale, dans l'intérêt des entreprises, régressive concernant les droits du monde du travail et budgétairement avare envers les services publics. En cela, il ne se distingue pas de ses collègues européens. Aussi, pour leur rentrée, le 25 août dernier, les dirigeants de l'intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, Unsa, CFTC, Solidaires, FSU ont d'ores et déjà décidé de répondre positivement à l'appel lancé par la Confédération européenne des syndicats : une mobilisation du mouvement syndical européen le vendredi 13 octobre 2023 « pour la solidarité, la transition écologique juste et contre les politiques d'austérité »
Certes, le 30 août au soir, lors de sa rencontre, à Saint-Denis, avec les principaux partis politiques représentés au Parlement, Emmanuel Macron a annoncé la tenue d'une « conférence sociale sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum ». Compte tenu du climat social, il lui fallait bien faire une concession à l'opposition de gauche et aux syndicats. Ces derniers portent cette revendication depuis des mois, appelant à faire du 13 octobre une grande mobilisation unitaire avec grèves et manifestations. Ils réclament ensemble « une augmentation du Smic et des politiques salariales dans les branches, les entreprises et la fonction publique » mais aussi une revalorisation des retraites, des minimas sociaux ou encore des bourses étudiantes. Et pour cause : les prix de l'énergie, de l'alimentation et du logement continuent de flamber avec pour conséquence que toute une partie de la population est en voie de paupérisation. La politique du gouvernement, c'est « d'un côté, l'austérité et le délitement des services publics pour les salariés, de l'autre, le ruissellement de 150 à 200 milliards d'euros d'aides publiques, fiscales et sociales, pour les entreprises, sans contrôle ni contrepartie », résume Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT. Aussi, à l'heure où les projets de loi de finances (Budget de l'État et de la sécurité sociale) sont en préparation, l'intersyndicale estime qu'ils doivent être « porteurs de justice sociale ». Pour ce faire, ils réclament qu'un débat puisse avoir lieu sur la conditionnalité des aides aux entreprises mais aussi que les moyens des services publics soient renforcés « à commencer par l'hôpital, l'école, l'enseignement supérieur et la recherche… »
Selon l'Insee, en cette rentrée 2023, les ménages continuent d'avoir le moral dans les chaussettes avec pour principales sources de préoccupation, le chômage et l'inflation. Pourtant, sans être mirobolante, la situation économique de la France n'est pas catastrophique. Or, même quand, par exemple, la croissance rebondit, comme au second trimestre 2023, c'est sans retombée sur les ménages. Un paradoxe parfaitement illustré par deux informations qui se sont percutées au cours de l'été : tandis que le 20 juillet une étude de l'Insee évaluait la part de la population en situation de privation matérielle et sociale à 14% (9 millions de personnes) début 2022, soit à son plus haut niveau depuis 2013 (première année où ce calcul a été fait), le 16 août, un rapport de la banque UBS classait la France à la troisième place des pays comptant le plus de millionnaires en dollars. Soit, juste derrière les États-Unis et la Chine et alors que le nombre de millionnaires diminue partout ailleurs en Europe. Autrement dit, tandis que les actionnaires s'enrichissent d'année en année avec les dividendes record distribués par les entreprises, la majorité de la communauté nationale s'appauvrit, les salaires ne progressant pas au rythme de l'inflation. Une inégalité dans le partage des richesses produites qui exacerbe à la fois les tensions dans les entreprises et la défiance non seulement au sein du monde du travail mais, plus largement, dans la société. Au risque, pour l'exécutif, de favoriser les extrêmes, s'il continue à vouloir rester dans la roue du patronat : préférer, par exemple, les mesures conjoncturelles que sont les chèques énergie, alimentaire…, aux dispositions structurelles, telles que l'indexation des salaires sur les prix revendiquée par la CGT, qui redonneraient du pouvoir d'achat aux Français et rétabliraient véritablement une forme de justice sociale. Comme l'écrit l'intersyndicale qui appelle « les employeurs à ouvrir des négociations à tous les niveaux, cette meilleure répartition des richesses au profit des salariés [constituerait] un levier puissant d'action pour la lutte contre les inégalités, notamment entre les femmes et les hommes. »
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