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Coronavirus

Chroniques du coronavirus : Lucie et ses collègues hospitaliers d’Avicenne

30 mars 2020 | Mise à jour le 31 mars 2020
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Chroniques du coronavirus : Lucie et ses collègues hospitaliers d’Avicenne

Comment les salariés et les militants syndicaux s'adaptent à cette réalité ? Ceux qui travaillent de chez eux, ceux qui sont tenus de se présenter à leur poste… Chaque jour, la NVO vous raconte le quotidien des travailleurs à l'heure du Covid-19. Aujourd'hui : Lucie, infirmière à l'hôpital Avicenne (AP-HP), à Bobigny.

Lucie est la secrétaire CGT MICT d'Avicenne, elle est infirmière de nuit. Elle nous accueille au local syndical de l'ancien hôpital franco-musulman, situé derrière la grande porte au style mauresque. Avec elle, d'autres collègues affichent des traits tirés, mais l'optimisme, lui, est toujours là.

Les récits sont nombreux sur la difficulté de la période, le manque de matériel, de personnel, et les précisions sur l'état des services, sur la nervosité des patients, sur le stress des agents. Tous pourtant concordent et sont unanimes : rien n'est neuf dans la crise que rencontre l'hôpital français.

Une crise déjà identifiée

« Le personnel qu'on arrive à “récupérer” dans cette crise, c'est dans les blocs qu'on ferme ». Et d'exposer la longue litanie des services fermés, des hôpitaux auxquels on a enlevé le service réanimation, les gardes qui explosent, les demandes d'heures supplémentaires qui crèvent les plafonds.

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Une triste rengaine qui donne à voir l'état de quasi-délabrement du système de soins français, sciemment entretenu par des politiques austéritaires menées sans changement depuis des années et des années.

« Alors que le Samu doit faire face à plus de 7000 appels par jour contre 600 habituellement, on a dû ouvrir une nouvelle ligne, tout ça représente en cascade des appels auxquels on répond mal, ou pas, et des pertes de chances pour des patients, quelle que soit la cause de leur appel ». Car la crise sanitaire liée au coronavirus n'est pas la seule raison de l'engorgement des hôpitaux et des soucis de matériel.

Le coronavirus vient tout exacerber

La pénurie est partout, des lits aux professionnels, en passant par les divers matériels. Elle était déjà dénoncée, mais l'épidémie la rend plus visible, et tout le monde s'en rend compte. Élisabeth Labeca, infirmière, explique la fin des temps partiels et les formations données à un nombre croissant de ses collègues.

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« Le plan blanc lève les limites pour les mi-temps, et autres temps partiels. Le nombre d'heures explose et chaque infirmière est formée aux gestes d'urgence afin d'aller potentiellement en réanimation ». Une évidence pour ces personnels dévoués, mais qui va s'accompagner d'un temps d'adaptation « pour celles qui ont connus et ont travaillé dans d'autres services depuis. Plus long encore pour celles qui n'y ont jamais exercé».

Un temps d'adaptation que la crise ne permet pas. « Si on est en guerre, des mesures auraient dû être prises avant », regrette Élisabeth. Ricou Ronald l'approuve. Lui est agent de service hospitalier : « On est au front, en première ligne, le président lui-même l'a dit ». Presque en chœur, ils reviennent sur ses déclarations et les reprennent à leur compte : « c'est normal dans ce métier d'être en première ligne. Mais donnez-nous les moyens d'agir efficacement ! »

Toute la chaine de l'hôpital est touchée

Dans cette « guerre », c'est toute la chaine de l'hôpital qui est touchée . Ce qui complexifie encore plus la lutte contre l'épidémie. « On n'a plus les moyens de faire un circuit sale et un circuit propre », déplore Élisabeth. « Plus possible de faire de bio-nettoyages corrects », poursuit Ricou.

Et l'esprit n'est pas au repos non plus. Elsa Godfert est assistante sociale, elles ne sont plus que 4 sur 17 à exercer encore en ce moment. « On doit presque mentir aux patients qui partent en réanimation, à leurs familles. » Une ligne d'écoute a été mise en place, à destination des soignants, pour les soutenir dans cette période où la pression — parfois classique — le dispute à une impression de ne pas pouvoir faire face, tout au moins correctement.

Le pic de « la vague » est encore attendu, mais malgré tout, Lucie et ses collègues sont optimistes. Elle veut « croire que les gens qui applaudissent tous les soirs à 20 heures, seront dans la rue, demain pour (nous) soutenir ».

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