4 décembre 2019 | Mise à jour le 4 décembre 2019
Vous en parlez probablement à la machine à café du bureau ou à vos proches : la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites s’annonce comme massive. Mais pourquoi faire grève exactement ? La NVO vous donne cinq informations essentielles sur la réforme des retraites voulue par Macron.
1. Tout le monde est concerné par la réforme
Le gouvernement le répète depuis plusieurs semaines : cette grève serait une défense « corporatiste » des régimes spéciaux. Mais si 6 % des retraités sont concernés par ces régimes spéciaux, la réforme voulue par Macron consiste à remplacer tous les régimes de retraite par un système à points dit « universel ». C’est donc bien l’ensemble des salariés et fonctionnaires qui sont concernés.
2. Les pensions vont baisser
Selon les calculs du collectif « Nos retraites », qui se basent sur les chiffres du rapport Delevoye, la principale conséquence de la réforme des retraites serait une importante baisse des pensions par rapport aux retraites actuelles.
Les économistes de ce collectif ont calculé que pour un salarié du privé né en 1961 et travaillant jusqu’à 64 ans dans le système actuel, sa pension représente 73 % de son dernier salaire.
Pour un salarié né 1990 et effectuant la même carrière mais dans le système voulu par Macron, sa pension représenterait seulement 56 % de son dernier salaire.
Un autre élément clé de la réforme Macron, c’est de fixer définitivement à 14 % du PIB le plafond des dépenses de retraite. Problème : il va y avoir de plus en plus de retraités dans les prochaines années. En 2020, 20 % des Français auront 65 ans et plus. En 2050, ils seront 27 % : plus de retraités mais autant d’argent, cela signifie nécessairement des pensions plus faibles pour tous.
Selon le collectif citoyen « Nos retraites », la réforme Macron ferait baisser les pensions.
3. Il faudra travailler plus longtemps
Conséquence de la baisse des pensions : pour toucher une retraite digne, il faudrait travailler plus longtemps. Si on reprend l’exemple du collectif « Nos retraites » cité ci-dessus : le salarié né en 1990, s’il veut toucher la même pension que celle de celui né en 1961, devrait travailler 3 ans et demi de plus.
Mais ce n’est pas tout. Avant même la mise en place du système à points, le gouvernement envisage des « mesures d’économies » dès 2025 comme par exemple reculer l’âge de départ de 1 à 2 ans ou faire passer la durée de cotisation de 42 années aujourd’hui à 44 voire 46 ans.
4. Le déficit annoncé du régime de retraites est construit de toutes pièces
Entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros de déficit en 2025 : c’est ce qu’annonçait le conseil d’orientation des retraites (COR) dans un rapport il y a quelques semaines. Problème de ce rapport commandé par le gouvernement : ces évaluations sont très discutables.
Selon le Réseau retraites, dont fait partie la CGT avec plusieurs syndicats et des économistes, le chiffre affiché est « mis en scène » car une grande partie du déficit annoncé est due à la non-compensation par l’État des exonérations de cotisations mises en place par le gouvernement.
De plus, le rapport ignore les réserves existantes du système de retraite alors qu’elles représentent 5,6 % du PIB, soit largement assez pour passer le cap de 2025. La situation est donc loin d’être aussi dramatique que ce que le gouvernement annonce.
5. La grève… ça marche
« Galère », « usagers pris en otage » : ces formules, relayées par nombre de médias, oublient soigneusement de préciser que la grève est un moyen efficace pour défendre les droits des travailleurs.
C’est le cas, au quotidien, dans de nombreuses entreprises. Ce fut aussi le cas en 1995, déjà au sujet des retraites. Alors que le Premier ministre, Alain Juppé, se disait d’abord « droit dans ses bottes », la CGT avec d’autres organisations syndicales avaient, après trois semaines de grève, forcé le gouvernement à reculer.