Soulages, lumière noire

Profondément enraciné dans son Aveyron natal, Pierre Soulages, toujours actif à 97 ans, dévoile un peu plus le prenant mystère de sa peinture. Il parle, comme savent le faire peu d'artistes, de son travail, de la quête qu'il mène depuis sa plus tendre enfance pour capter la lumière, ce qui l'a mené de l'utilisation du brou de noix à la matière sensible de « l'outrenoir ».

En son magnifique musée de Rodez, qu'il a voulu lieu de vie et d'accueil d'autres artistes, il évoque la genèse de sa peinture, l'émotion qui le saisit tout jeune dans l'abbatiale Sainte-Foy de Conques voisine. Racontant ses années de formation et la vocation puissante qui le fait s'éloigner des écoles et des modèles, Pierre Soulages parle avec simplicité, modestie et chaleur de celles et ceux qui l'ont entouré et inspiré. Les femmes de sa vie : sa mère, sa sœur et son épouse Colette, mais aussi les artisans de la petite rue de son enfance auprès desquels il a beaucoup appris et compris ce qui différencie l'art de l'artisanat.

Les intervenants qui évoquent « leur » Soulages ne sont pas moins passionnants : de Jean-Michel Jarre au philosophe Alain Badiou, de Jean-Luc Barrié, recteur de la cathédrale de Rodez au linguiste Pierre Encrevé, chacun apporte un éclairage vibrant et empathique sur cet artiste majeur du XX^e siècle.

Qu'on connaisse ou pas « l'œuvre au noir » de Soulages, ce documentaire sensible signé Stéphane Berthomieux est un vrai bonheur de télévision et la parfaite introduction à une visite du musée Soulages.