Richard III clownesque

Richard III, personnage diabolique s'il en est, supprimant ennemis, proches et parents pour s'emparer du trône, prend ici les traits d'un clown blanc (génial Jean Lambert-wild). Face à lui, pour jouer tous les autres personnages ou presque, une comédienne époustouflante, Élodie Bordas, tantôt écuyer complice ou mère brisée.

Voilà une façon peu banale de monter la pièce de Shakespeare et de saluer le 400^e anniversaire de sa mort. D'autant que le décor est un castelet, ingénieusement animé et décoré comme un troisième personnage aussi surprenant qu'inquiétant. Nous sommes embarqués dans un spectacle qui va de surprise en surprise, les victimes prenant la forme de poupées de chiffon, de barbes à papa ou de ballon parlant, que Richard dégomme avec frénésie.

Éblouis par nombre de trouvailles scéniques et sonores, le risque est de perdre le fil de la pièce, surtout si on la découvre. Mais le défi est relevé, la fête foraine est tragique, et le clown effrayant autant que triste. Jean Lambert-wild, directeur du Théâtre de l'Union à Limoges, ne lésine pas sur les audaces.

Il endosse une magnifique armure de porcelaine (créée à la manufacture de la ville, Porcelaines de la Fabrique), et finit en pantin désarticulé dans les airs dans une scène finale grandiose. Un moment magique !

Richard III. Loyaulté me lie, mise en scène de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Gérald Garutti.

Du 1^er au 11 mars au Havre, les 22 et 23 à Compiègne, les 9 et 10 avril à Marne-la-Vallée, du 24 au 26 mai à Cergy-Pontoise…